• ...

    Qu'il était beau, notre temple !
    Ses fondations dans la vase,
    entre les galets noirs de ma plage abrupte et les rives nues de tes longs marécages
    entouré des déserts
    nourris de ces solitudes que l'on voulait superbes
    Tissé de rêves et d'arguments
    de fines marques dans le bois
    Qu'elle était belle, notre Eglise...
    Ses petits dieux doucement farceurs,
    ces petits mensonges jolis
    ses illusions, ces certitudes,
    Notre temple, notre Foi...
    la poésie sévère de son isolement
    ses pavés brillants et ses chants
    ses noms précis pour chaque chose, qui n'existaient qu'entre ses murs
    vides...
    Comme il était beau, notre ouvrage...
    Il est encore plus beau, depuis que nous l'avons oublié...
    Qu'il nous est interdit...


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  • Je ne sais s'ils auraient dévoré mon corps.
    Devenu inutile, et pressé de recommencer, j'ai souhaité m'en débarrasser.
    Pour revenir demain, neuf, vigoureux à nouveau.
    J'ai réfléchi longtemps, j'ai glané des avis auprès de ceux-là qui, depuis des barques en bois, jetaient leur morts dans une mer profonde et parfaitement claire.
    J'ai flotté tout le jour, me demandant comment détacher ma carcasse de ses encombrants réflexes.
    J'ai pensé à l'éther, et à d'autres substances connues seules des songes.
    Un messager vint à ma rencontre, et, discutant du projet de jeter aux requins ma dépouille mortelle, pointa le lendemain, et le hasard certain qui me ferait renaître loin de ce que je cherche.
    Je n'ai donc pas fini ici.
    Je ne sais si les requins repus auraient voulu de moi, mais les monstres immondes qui courent au fond des mers, auraient déchiqueté bien vite mon vaisseau abîmé...
    Ainsi, je n'ai pas terminé, il me faut user encore ce reflet, déjà trop vieilli pour son âge...
    J'ai regagné la rive, et contemplé, dans le couchant, le rituel presque achevé de la noyade des morts.


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  • ...

    Ainsi, je ne raconterai plus.
    A quoi bon ?
    J'ai retrouvé les carnets aux pages couvertes de rêves et d'aphorismes.
    Les conversations griffonnées tenues avec ces Autres de l'autre côté.
    J'ai relu, presque tout. L'évocation des plaies, le travail accompli, les mensonges, les illusions.
    Frère, comme tu manques à ma vie !
    Mes pas résonnent seuls, et je cherche les portes, mais toutes semblent fermées, inexistantes.
    Je me souviens du joueur de khéna.
    Je me souviens des Jacobins, du pont Neuf, des arbres torturés sous la grande coupole.
    Je me rappelle nos chants, que sommes-nous devenus, que sommes-nous à présent ?
    Les loups se sont tus, pour toute cette vie.
    Je me rappelle l'Etoile, l'Etoile du long chemin, je me rappelle les vers, et les roses des prairies.
    Mais je ne vois rien, mes paupières sont collées et mon coeur encrassé.
    Quand j'arpentais ces rues, quand je prenais ces notes, jamais je n'aurais cru à cet Aujourd'hui.
    Un présent pétri des illusions de Mâya, un présent dépouillé des certitudes acquises en tissant patiemment les rêves et les signes trouvés par terre...
    Qu'est devenu Etiloat ?
    Qu'est devenue Celle qui n'a pas de limites ? Ou est passé le souvenir maudit de la Silencieuse ?
    Hijigop, Hotouob, m'avez-vous déserté, n'était-ce que mensonges ?
    Je me trouve encombré de souvenirs bien lourds, de fantômes bannis, de comptes plus ou moins réglés, de travaux qui me coûtèrent, d'épiphanies médiocres glanées ça et là au fil des ans...
    Mais je ne vois plus briller "l'Etoile de ceux qui n'ont pas de nom"...
    "Etoile reste
    Etoile part..."
    Je ne vois plus la route, je ne sens plus les roses de prairie.
    Ainsi donc, serais-je un autre entièrement ?
    Jusqu'à cette part de Moi que je croyais serrer fort dans ma paume ?
    Le double m'aurait mangé, alors ?


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  • ...

    Statique.
    Et puis, trop de questions, trop de CETTE question, acérée, piquante, insistante...
    Trop de ce flou localisé, sur ce que l'on sent être un gouffre, une autre épreuve, une autre mort.
    Alors on tremble.
    On craint le temps, le mouvement, et l'électricité dans l'air.
    Terrorisé par un poison dont on ne rince jamais son sang.
    On craint les mots, ceux qui s'échappent, ceux qu'on attend, ceux qu'on demande.
    On craint les autres, on craint l'Ailleurs, on craint ses gestes, son peuple, et sa propre maison.
    On craint, on attend.
    Et l'attente est inconfortable ; l'espoir en devient douloureux ; l'impatience, mordante.
    Alors je dors, et remet à plus tard.
    Alors, tout se confond.


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  • ...

    Rappelle-moi Etiloat.
    Parle-moi encore de l'aurore boréale.
    Du crépuscule vert qui dort sur le pays figé.
    De l'eau absolument tranquille, de l'air pour jamais vide,
    des couleurs saturées d'un tableau qui retient son souffle.
    Rappelle-moi Etiloat.
    Comment m'y rendre à nouveau, comment t'y retrouver...
    Quel langue utilisions-nous, comment nous comprenions-nous ?
    Naguère, quand je comptais les portes,
    quand les ombres parlaient,
    quand je les entendais...


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  • ...

    Il y avait longtemps.
    Que nous n'avions plus marché dans la neige, longé les rivières glacées à l'orée des forêts de géants.
    Lontemps...
    Si longtemps que le ciel d'Etiloat se perd dans les brumes au fond de ma mémoire...
    J'oublie, Sapa, j'oublie comment parler aux loups, comment croiser les rêves, comment rejoindre l'autre côté... le pays figé dans le crépuscule vert...
    Il m'a semblé qu'un ours traversait la rivière, mais quand il s'est approché, c'était un loup immense au pelage charbonneux luisant sous les étoiles.
    Je me suis figée, Sapa. Si c'était toi, je ne t'ai pas reconnu.
    Je me suis figée, comme si j'étais une autre, comme une étrangère malvenue, comme un intrus dans mon rêve...
    Parle-moi de nouveau, éclaire-moi, Sapa, guide-moi...
    Je me sens enlisée dans le songe de Maia...


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  • ...

    Comme je voudrais pouvoir
    Fuir, fuir encore...
    Je n'ai pas la force d'affronter quoi que ce soit. Pas encore.
    Je respire à peine de nouveau, avide de vents glacés et d'ailleurs abruptes.
    Enfin revenu de cet enfer étouffé qui me fit perdre tant.
    Je ne suis pas prêt, à briser de nouveau le fragile noyau que j'ai bien cru perdu.
    Je ne suis prêt à vouloir autre chose que les aurores boréales.
    Je ne suis pas prêt à voir occupée la place qui saurait me détruire tout à fait.
    Je n'ai pas la force de me battre avec ce double là, sur ce champ trois fois maudit.

    Mais si tu parvenais à apaiser la brûlure des terreurs passées...
    A changer le poison en un sang nettoyé...
    Si l'air restait le même, si la mer reparlait...
    Si le ciel promettait que toujours, je chérirait les pôles et l'autre côté des mondes...
    Alors, peut-être

    Tout serait différent...
    Et la peur se tairait.


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  • ...

    Je n'étais pas conscient de cette division

    Je cherche une Sainte Croix au pied de laquelle déposer mes offrandes.
    Sans doute en nourrirai-je la Seine, faute d'avoir trouvé autel convenable.

    Il y a ces heures qui passent. Vite.
    Et ces milliers de coups reçus dans l'estomac.
    Je ne tiens guère en place, ou bien dors beaucoup trop.
    Mes pensées qui s'accrochent entre une rive et l'autre, ne semblent pas vouloir se tendre vers Ailleurs.

    Que tiens-tu dans tes mains qui est tombé de moi ?
    Qui me fait soupirer et qui manque à ma paix...
    Qu'as tu récupéré qui m'impatiente ainsi, fait que le temps m'irrite ?

    Je ne me savais pas divisé.
    Et je n'avais pas vu que je marchais encore.
    Mutilé. Incomplet.
    Aide-moi.



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  • Une vieille Madonne sur un lit de fleurs sèches.
    Une vieille Marie sévère, les traits creusés, le regard noir et glacial.
    "Il n'y a pas de Ghedes ici. Si tu dois allumer un cierge, ce sera pour moi."


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  • ...

    Va t-en, novembre.
    Tout cela fut bien étrange...


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  • ...

    Toulouse...

    J'ai tant laissé de moi dans tes ruelles tordues...

    Sur les petits pavés de tes rues qui transpirent
    Sous tes ponts remplis de nos chants

    Tes quais dégoûtant mes prières
    Loin, beaucoup trop loin de la mer...

    Toulouse, amour perdue, souvenir confus
    Portail immense un temps ouvert
    je me souviens de tes églises
    De tous ces cierges aux vierges noires

    Avant le déchirement
    avant l'agonie
    Comme je t'ai portée,
    Comme je t'ai aimée, Toulouse...


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  • ...

    Ne t'évapores pas...
    S'il te plaît, ne soit pas mirage,
    Ne t'évanouis pas avec les farces de Novembre...

    Si tu pouvais...
    Transformer l'absence en musique habitée,
    Faire résonner les mots qui vibrèrent autrefois
    Dans les notes d'un choeur pour toujours inspiré

    Si tu pouvais...
    Devenir solide,
    Devenir pour de vrai,
    Devenir pour jamais...


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  • ...

    Tu as fauché mon Mât.
    Tu as fauché mon Mât, réduit à néant mes Amoureux sous une Lune mensongère ; je ne suis plus que Pendu, blême et pour ce qui semble être l'Eternité...
    Pourquoi aujourd'hui ?
    Et pourquoi cette inclination vers l'envers de ce qui fut, l'envers de ce qui devrait être ?
    Pourquoi maltraiter mon souvenir, malmener ainsi mon âme et me pousser loin, loin de l'étoile qui m'appelait...
    Je peux choisir de sombrer, de nouveau.
    Je peux aussi te détruire, et détacher de tes os le plus petit morceau de toi, je pourrais te dévorer et tu ne comprendrais même pas.
    Mais c'est pourtant le doucle que je dois manger.
    Un double... Lequel ?
    Carrefour de Novembre, je tend le cou pour voir au-dessus de la farce et des danseurs obscènes, et les routes que j'aperçois sont plongées dans une ténèbre grotesque...
    Allons, et puis quoi !
    Il est un moment où j'oublierai de rire.
    Et Mai étendra son empire sur les cadavres de mon existence.
    J'implore une main tendue, une aide fiable et claire, un signe indiscutable.
    J'implore de tout mon être, l'Etoile du long chemin...


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  • ...

    2 novembre.
    Mascarade.
    J'ai tout perdu, pour une farce grande comme mon ego.
    Le travail de deux années, presque arrivé à terme, et voilà que se décroche, du plan du grand cortège, le plus gros canular qui m'ait jamais habillée.
    Après la foudre, après l'orage, après les corneilles patientes.
    Je suis un vrai contraire, c'est un mal redoutable.
    Mascarade.
    J'aurais donné mon âme pour une mauvaise blague.
    Je suis guérie. On ne m'y reprendra plus.
    Ce n'est qu'une question de temps.
    TOUS, tous finissent par se perdre ainsi.
    Moquez-vous, trahissez, oubliez, lacérez...
    Mensonges, mensonges imbéciles...
    Je sais comment mourir et je sais ne pas rendre.
    Et perdez-vous pour jamais dans les lointains nauséabonds.
    Je n'ai plus rien à donner, vous m'avez gaspillée.
    Toute cette comédie, toute cette tragédie, pour une larme de rage, pour une immense farce.
    Huile noire sur ma rétine, eau noire vomie des étoiles
    Rien qu'une larme de rage.


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  • Une bien étrange année qui s'achève.
    Offrant un bien étrange commencement à celle qui arrive et qui déposera ses plans dès demain...
    Hotouob, loups, ombres, mon peuple, ma foi, tous ceux qui me suivent, m'écoutent, tous ceux que j'entraîne dans mon sillage derrière le monde... Je suis fatiguée, je suis un peu lasse.
    Alors je remercie, certes, pour ce qui est là, pour ce vers quoi je porte aujourd'hui mes espoirs, je remercie.
    Mais je suis fatiguée, je suis un peu lasse. Le prix était bien fort, il m'a fallu payer bien cher pour, finalement, me dépouiller un peu plus...
    Frère de l'ombre et du fond des eaux, ils me faut reprendre des forces, l'affaissement ne me va pas, je ne sais pas marcher ainsi, rallumez le feu sous ces cendres car je m'étouffe, à force de souffler dessus, vainement depuis deux ans...
    Laissez-moi s'il vous plaît, juste un peu de ce miel que je sens à ma portée...
    Juste un peu de ce miel, je n'en abuserai pas...
    Grand Serpent, maître de mon rêve... Si vous pouviez levez l'interdiction qui plane, si vous laissiez mon coeur aimer sans se meurtrir, se confier sans gémir, se taire sans souffrir...
    Ne pas voir les faux signes qui me perdent et me broient...
    Et plus de cierges doubles,
    Plus d'épées croisées
    De livres abandonnés
    De rêves et de clefs...
    Je vous en prie, que ce que je vois soit vrai...


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  • Corneilles et corbeaux me suivent en marchant...
    Ils arrivent, et viennent terminer de tout retourner.
    Samedi et son cortège de Novembre...


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  • ...

    Il y a le trop lourd sentiment de s'être dit adieu
    et d'avoir enterré tout ce qui a été, et tous ceux que nous fûmes.
    Il y a la nostalgie, écrasante, malsaine, l'opacité des souvenirs qui agissent comme un poison sur le mauvais décor que porte le présent.
    Il y a le malaise persistant, et la peur de ne pas savoir laisser derrière
    le deuil de soi-même
    Il y a le fantôme de ce qui aurait pu être, de ce qui a été refusé,
    de ce qui est pour jamais inconsolé
    Qui étions-nous pour pleurer si fort ceux qui sont morts depuis, qu'on ne laisse pas partir
    Qui sommes-nous devenus pour demeurer tendu vers ce passé commun, attachés si fort à ce qui n'est plus que souvenir ?


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  • ...

    Qui es-tu ?
    Qui t'a déposé sur ma route et t'a donné la clef qui ouvrait cette fenêtre ?
    Je cherche au fond de moi, je retourne les images, et me demande si nous nous sommes déjà croisés.
    De quoi ta route est faite, quelle étoile suit ta marche, quelle musique gonfle tes voiles, quel poison sait te ronger...
    Pourquoi viens-tu marcher ici, vers quel espoir se tend ton cou ?
    Sapa, tu sais...
    Tu ne me dis rien, pourtant je te connais, mon ombre, je sais que tu te tais, je sais reconnaître les alliés de la meute, les amis du chemin, les frères du fond de l'eau, je sais mon ombre, tu retiens ta parole...
    Que caches-tu mon ombre, est-ce une étoile, ou bien une brûlure ?
    M'envoies-tu de nouveau vers la peine, n'ai-je donc rien appris ?
    Ou est-ce un peu de miel, laissé là par un plus repus que moi ?


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  • ...

    La mer déchaînée, les trombes grossissantes, et le ciel tout d'un coup noirci, épouvanté.
    Ténèbres sur le monde, éclairs déchirant la nuit opaque.
    Rêveur d'orage.
    Et l'oiseau électrique a tournoyé longtemps sous mon regard fasciné.
    Peuple des orages, j'avais presque oublié les sacrifices dûs.
    Le sang et le cèdre, le rappel à l'ordre. Ne me crevez pas les yeux, ne déchaînez pas vos feux sur moi qui vous crains et vous adore.
    La marque des tempêtes tracée dedans mes paumes, le sceau du ridicule, du rire et du chagrin, l'envers de l'être, du monde, des gestes.
    Esprits de la foudre, je vous appartiens.
    Parenté brutale, froide et violente, vous m'avez rappelé à vous.
    A présent je me souviens.


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  • ...

    De l'Ailleurs qui te mange.
    De la mauvaise époque, des excuses séculaires.
    Combien je souhaiterais t'assurer qu'elle s'éteint, cette brûlure intense qui te fait trépigner.
    Pourtant...
    Combien tu serais triste, quand même tu la perdrais, ne serait-ce qu'un instant...
    L'inconfort nécéssaire, l'indispensable peine qui déchire ta maison, te nomme vagabond, et t'envoie par les routes chercher ce qui te manque...
    La quête du secret, inexistant.
    J'aimerais te promettre que tu iras toujours, que ta vie sera faite de départs innombrables, et seulement de départs... te jurer sur mes yeux que j'y crois sans fléchir, que j'y croirai toujours...
    Que le vent et la mer nous emporteront bien, peu importe l'endroit, pourvu que ce soit loin.
    A toi qui, comme moi, n'a nulle-part sa place, à toi qui te flétris aux odeurs familières, dont le regard ternit quand on parle d'ici...
    Il n'est qu'un seul endroit qui soit gardé du monde, veillé par la Grande Ourse et par la Croix du Sud cousues sur un même ciel. Il n'est qu'un seul endroit au fond du fond de l'âme, que l'on cherche en creusant, en interrogeant l'aube, et durant mille vies, que l'on rêve, que l'on prie... un seul sanctuaire, au plus près de tes mains, si loin de l'horizon...
    Je n'ai pas de réponse, je cherche encore, tu vois.
    Et plus je compte mes pas, plus le froid m'engourdit...


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  • 28

  • ...

    Alors je suis rentré à pieds, sous la pluie tiède de ce début d'automne.
    Je portais de nouveau les reliques chères, qui attendaient dans l'ombre que je pleure leur époque.
    Parce que mon sang est rincé du poison de ces ans.
    Parce qu'il n'y a plus que soupir désormais, quand je contemple ce qui fut, penché sur le bord de ma nuit...
    Quand les rancoeurs desséchées laissent place à une gratitude douce-amère...
    Parce que j'avais raison : c'était bel et bien ça, le plus cher à mon âme.
    Et parce que j'avais bien deviné, entrainé que j'étais, ce qui arriverait ; ce que j'avais prédis en foulant les pavés de Prague... Tu vois, il n'y a plus rien.
    Il n'y a plus rien autour de moi.
    Je n'entends plus les loups.
    Je ne sens plus les liens, les demi-mots, l'indicible entendu.
    Je ne sens plus les liens...
    Médiocrité désormais.
    Accepter la fin de ce qui se voulait immuable.
    Et avancer quand-même, incomplet, mutilé.







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  • Cinq pièces de cuivre pour monter à bord d'une frêle embarquation.
    Juste pour voir.
    Le pôle Nord, l'eau noire qui se fraie une route béante dans la toundra hésitante.
    L'eau noire et figée, miroir d'un Styx à la face du soleil.
    Le voyage sera court, le vent souffle et l'on craint l'hiver qui approche. Je reviendrai bientôt, avec la douceur de l'été.
    Parmi les passagers, certains qui sont partis, depuis longtemps pour d'autres routes.
    Silhouettes familières que la mort et le temps avaient un peu effacées.
    Cinq pièces pour monter à bord, 5 pièces pour traverser.
    Je reviendrai bientôt, avec l'été...
    Car avant il me faut trouver la robe que je porterai.
    Une robe de mariée, une robe bleue, sombre comme l'abyme.
    Une voix qui est la mienne articula deux fois "voilà je suis guérie", emportant le paquet, cherchant en vain le Double...
    Il faudra bientôt revenir. Avec le vent. Avec l'été.


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  • ...

    Qui es-tu ? qui donc t'as déposé ici ?
    Et que fais-tu , sur ma route ?


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  • Sofia.
    Et tout ce qui mourut là-bas.


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  • Quelle valeur ?
    Le mot laché dans un souffle, le regard hésitant.
    Quelle valeur ?
    Quel prix à payer pour un air presque neuf, quelle punition essuyer pour avoir remarqué la douleur adoucie un instant ?

    Que tout est fade...
    Le jour où tout a commencé de mourir n'était peut-être pas celui qu'on pensait.
    Le jour où tout a tiédi est sans doute arrivé avant, bien avant...
    Avant le formidable coup, avant les meurtres sans pitié qui l'ont suivi.
    Le jour où tout est devenu tiède. Et fade.
    Le livre est fermé, scellé, brûlé.
    Il n'y a pas de retour, seulement du regret, tout est allé trop vite, on a fait les mauvais choix, on n'a rien vu venir...
    L'arrogance qui s'ignore. La fanfaronnade ne paie pas. On se réveille amer, engourdi par l'étreinte d'une peine sourde, les soupirs de "j'aurais dû", la douleur lancinante de "j'aurais pu"

    Terminé désormais.
    Et, Dieu, que tout est fade...
    Répéter, encore, encore... La litanie de l'Ennui, des champs de bataille désertés.
    Le silence des limbes, encore, les même mots, toujours, qui reviennent et se couchent... je ne sais rien dire d'autre, je raconte sans relâche la même histoire sans âme, et encore et encore, et la raconte encore, réduit à la pauvreté de son vocabulaire... ma misérable verve ! je suis plus petit que jamais, n'existe presque plus...
    Encore un peu, encore un peu...
    Peut-être disparaîtrai-je tout entier dans le gris de son ciel...


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  • ...

    Promettez-moi...
    L'oubli, le repos. La paix ou l'indifférence...
    La délivrance...
    Promettez-moi encore des jours nouveaux.
    Assurez-moi encore que le temps mange tout, que l'on survit à tout, que le rire revient, que l'on guérit vraiment.
    Qu'un temps viendra pour sûr, où je n'aurai plus le coeur au bord des lèvres à chacun de mes réveils.
    Conjurez cette agonie, donnez-moi la mort ou la guérison, promettez-moi des vents à venir, des chansons inconnues et des sourires sincères, et des sentes tranquilles où il fait bon marcher...
    Et du miel, rien qu'un peu... de ce miel sucré et un peu fade, quelques gouttes seulement contre le goût des larmes...
    Quand aurai-je le courage de jeter à la mer cette boîte scellée dont je n'ai plus la clef ? ...


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  • Inila, reviens...
    Je voudrais que tu te relèves de derrière cet arbre mort, avec mes os blanchis portés à bout de bras, avec mes os lavés, que tu sois moi de nouveau.
    Quelle longue agonie Inila... Quel poison cruel que la chaleur des mots, des rires de ceux qu'on aime...
    Qu'il faisait bon se meurtrir l'esprit avec emportement, avec avidité, à questionner le ciel et les enfers locaces, auprès de l'âtre de ces quelques années qui ont filé si vite...
    Tu étais tout entière, Inila. Tu savais ta place et l'occupais avec arrogance. Ta voix était alors claire et forte, l'envie d'Ailleurs te dévorait. Tu ne savais pas que tu pourrais la perdre, tu ne savais pas que tu mourrais ainsi, assassinée lâchement par un double vengeur qui ne sais plus où chercher ses dieux.

    Inila, que tu manques à ma vie, à mon regard vieilli, à mon coeur ressérré autour de souvenirs trop précis...
    Qu'ai-je fais de toi ? T'ai-je écrasée tout à fait, n'as tu plus rien de moi qui brûle encore sous terre ?
    N'ai-je rien gardé de toi ? Il me semble pourtant qu'elle t'appartient, cette manière de tourner la tête au vent, animale, inquiète, presque violente, cette façon de lever le menton, comme pour relever un défi qu'on sait insurmontable. Confession auprès des orages, les prière aux tonnerres, c'est toi qui me l'appris...

    Etais-tu tout de moi ? Tout ce que j'aimais de moi ?
    Te conforteras-tu dans ta mort, désertant jusqu'à mes rêves, me laissant sans une ancre ?
    Me laisseras-tu ainsi vide de moi, pour toujours ?


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  • ...

    L'attente...
    Interminable, lancinante, qui s'étire, s'étire encore...
    L'attente d'un signe, une miette, un simple geste, un cailloux un peu plus brillant, un rayon bienveillant...
    Un seul signe, qui rendrait l'air respirable à nouveau...
    Car les coupes sont quatres, cinq parfois...
    Et l'on ne veut pas, et l'on ne voit pas...
    Les épées, toujours trois, imperturbable trinité, froide et figée, coeur toujours béant...

    Comment dépeindre la fadeur des couchants derrière ce songe amer...
    Et la laideur des gens, leurs gesticulations, et leurs voix irritantes...
    L'ennui des paysages, l'air intensément vide, et la fatigue immense... 

    L'attente pour toujours plantée là, comme quatre murs qui m'enserrent...
    Cante ishta, fermé, aveugle, et pour combien de temps encore ?
    Oeil de mon coeur, aveugle et douloureux...
    Je ne perçois plus ce qui vient, le vent ne parle plus, je ne vois plus le fond des âmes, je ne lis plus ce que content les mains...

    Brisé au centre, brisé au fond, irréparable, par ce qui ne se dit ni ne se chante, ne se mesure ni ne se compare.
    Par ce qu'on ne conte pas, ce qu'on ne profane pas.
    L'impudique aveu risquerait d'en tâcher le souvenir fragile.
    Brisé, par ce qu'on garde au creux de l'âme comme un trésor cuisant, une brûlure précieuse creusant des sentes cruelles et sans aucun retour...


    Les fantômes se cachent, se taisent tout à fait, se retirent en silence des lieux trop habités. Ainsi il faudra tenter d'étourdir les chagrins en gorgeant de tempêtes tous les recoins de l'être. Poursuivre les orages, transformer la douleur stérile en prière inutile, en poésie désespérée, pour se sentir un peu, pour n'être rien qu'un peu...


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