• "Où s'élèvent les derniers murs qui, dominant sur l'abyme du néant, enferment dans leur enceinte le séjour des êtres ? A quel point de l'espace le Créateur s'est-il arrêté, a-t-il terminé les lignes de son plan, et déposé sa balance ? Quel est le lieu extérieur à la création, où cessant de peser les mondes et de mesurer l'infini, il planta la colonne majestueuse qui en étoit le terme, et dit aux esprits de sa cour : <<Je m'arrête et je pose ici la borne de mon ouvrage. Ma tâche est finie, et la création consommée. Esprits qui connoissez, êtres qui respirez, êtres insensibles que j'ai mis en mouvement ou fixés dans le repos, applaudissez tous votre auteur.>> "

    Les Nuits d'Young, Vingt-Unième Nuit ~ Les Cieux- pluralité des mondes


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  • ...

     Il y eut la neige.
    Beaucoup de neige. Qui n'est pas tombée du ciel, mais a recouvert l'étendue, comme ça, à cause du vent sans doute. Les arbres se sont figés et les fleurs ont péri.
    Les enfants ont couru s'enfermer dans la cuisine sale, et attendent sans bruit.
    J'ai 24 ans...

     

     

     

     

     

     

    photo : Joan FONTCUBERTA


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  • Je veillerai la cendre, puisque j'ai oublié de raviver les braises, et serai celui-là, qui ne voit pas le ciel
    et oublie de nager.
    Je serai le marcheur, le vagabond sans but qui cherche en vain la route.
    Je prierai les nuages, et attendrai des astres un signe
    que je fabriquerai.
    Je serai celui qui, toujours couvert de boue, poursuivra les orages pour rincer ses poignets.
    J'attendrai la tempête,
    saurai parler aux chiens.
    Je serai celui-là, qui dérivera sans mots, sur un radeau blessé, repoussant les rivages et s'éloignant toujours,
    sans jamais protester.
    Je vivrai nez en l'air, guettant l'étoile malade qui se consume, faible,
    piteuse,
    au-dessus du long chemin.
    A jamais suspendue dans l'oubli.

     

     

     

     

     

    image : kubin


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  • Parce que j'avais oublié cette photo dans un coin,
    et que j'aimerais bien être ailleurs de nouveau...


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  • ...

    Sous les cadavres des chimères lointaines, toutes boiteuses qu'elles étaient lorsqu'elles te lacéraient... De sous l'humus s'élève encore leurs derniers râles.
    De sous la terre stérile de ton pays désolé, de sous les souches pourries et le poison des roses, remuent toujours la peine et ces élans si vains qui te poussèrent naguère.
    Lâche, lâche comme ces rêves que tu savais avortés, pourtant tout juste nés.
    Lâche, n'entends-tu pas les plaintes lancinantes de ces clowns malades ?
    Leur tordras-tu le cou, enfin ?
    les piétineras-tu pour de bon cette fois ?
    Ou laisseras-tu encore leurs fluides gluants, leur odeur entêtante, te pénétrer ainsi, et engourdir ton être à chaque fin d'été?
    Ne te leurres donc pas. Tu n'as pas oublié, tu n'en es pas capable. Remballe ton orgueil, pudiquement, puisque toutes ces épines te font encore saigner... à genoux, à genoux, et baise donc ce sol qui souffre ainsi ton poids.
    Ni la pluie ni l'automne ne portent ton salut.
    Ni la pluie ni l'automne ne sauront te porter.
    Clos tes fenêtres sales sur tout ce qui est rouillé, et ce que tu as perdu, enterre-le dans un coin dont tu te souviendras, mais en paix, libéré.
    Garde toujours en toi ce qui te manque et blesse. Et de tous les espoirs bâclés, de toutes les défaites et les luttes refusées, ce que les autres t'ont pris, volé, arraché, quand même tu n'en voudrais, n'en perds jamais le goût.


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  • ...


    Alors nous gravîmes la colline verte et molle, traversant un cimetière irlandais abandonné, aux grandes croix mangées par les plantes grimpantes qui étouffent même la pierre. Sous un ciel noir et lourd.
    Parvenus au sommet, le brouillard est tombé sur le monde, et les nuages ont crevé, lâchant d'un même souffle les ténèbres à nos trousses. Nous n'avons pas remarqué sous la pluie battante les rails à gauche, les rails à droite, et n'avons pas entendu les trains qui approchaient pour se croiser, ou nous écraser...
    Soudain tout a tremblé de part et d'autre, il ne fut plus possible de se tenir debout, entre deux trains lancés, dans la nuit, sous l'averse, c'était trop difficile, nous aurions pu tomber sur les rails à gauche, ou sur les rails à droite...
    Ensuite il eu des marches et des ruelles étroite, des gens d"un autre temps, et une crèche aux murs lisses, peuplée de fous contemplatifs et d'enfants bien trop vieux ; et des rideaux de fer emportés par des vagues, derrière les barbelés s'enroulant sur la rampe d'un tout petit balcon.
    Et puis je me souviens que j'ai ouvert les yeux, nous avions survécu, du moins pas disparu.
    C'est donc que j'ai dormi. Je suppose.


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  • Par cent fois le retour fût ici annoncé. La mort de la putain souveraine, et la longue marche qui reprendrait bientôt. Vers le dépouillement le plus complet, vers le Rien le plus parfait. Vide, vide, en-dedans comme en-dehors. Les ténèbres sèches et muettes. La gueule béante et molle de l'Oubli toujours patient.
    Puisqu'il s'agit de vieux songes pudiquement cachés, perdus loin dans ma nuit.. Les gens n'y parlent plus, n'y bougent plus, tout s'est glacé depuis, la vie s'est arrêtée.. tout ici est fané, tout est devenu fade et sens le vieux placard. C'était à moi tout ça ?
    Ne plus reconnaître les êtres qui furent chassés pourtant péniblement. On a beau tendre l'oreille, leur voix s'est envolée il n'y a plus qu'un genre de bruit blanc..
    Oh toujours les mêmes, les bruits blancs des oubliés maudits, les trous d'eau et blablabla...
    Les coquillages se rappellent la mer.
    Moi, j'ai oublié ce qui m'a fait mourir.



    Fev 2008
    ______________________________________________________________________________

    Il y eut des ruelles, visage tentaculaire d'un village répugnant, aux pavés pourtant jolis mais aux murs écoeurants. Les coups sourds dans les portes et les talons qui claquent, dans la lueur malade, voilée de toiles d'araignées abandonnées, jetée au hasard par de vieux réverbères fatigués. Des arches fluettes, branlantes et des fenêtres aveugles ; des murs blancs et trop propres, comme s'ils cachaient le sang et les violences enfouies dans le plâtre moite.
    Il y eut tant de spectres, la tête tourna si fort...
    Tant de cris déchirants, tant de d'agressions sonores... Tout s'y trouva hostile, jusqu'à la porte ouverte. Sur une cave vide, aux murs tachés de gris. La fillette était là, ses longs cheveux de jais trempés et emmêlés. Son regard sombre et vif, la haine qui a renoncé, la folie qui éclate et assène sur le monde des vérités confuses, à travers la pupille beaucoup trop rétractée...
    Elle s'est jetée sur moi et elle m'a enlacée, et elle m'a embrassé comme une soeur retrouvée à qui aurait trop longtemps cru qu'elle était orpheline. Comme un chien rendu fou, comme une petite mère brisée par l'horreur... Comme elle m'a serré fort, le monstre, et comme j'étais blême...
    La nausée fut si forte que je n'ai pu m'enfuir qu'en ouvrant les yeux.
    Le soleil sera violent, s'il ne parvient pas à endiguer les spectres...

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  • ...

    La grande imposture de l'ailleurs. Les mensonges entonnés par la mer, ce que dénoncent les vents qui battent le Cap Nord.
    Ce qu'on fredonne tout bas lorsqu'on contemple le ciel des nuits sans lune.
    Devenir celui qui a foulé toutes les terres sans que cela suffise. Jamais.
    Errer sans rien attendre, et mentir à tout ce qui porte le visage de l'"ailleurs", de "partout". Le même visage où que l'on soit, et les étoiles pour seuls témoins.
    Relève-toi, pauvre marcheur.
    Relève-toi une fois pour toutes, aies le courage de faire semblant.
    aies le courage de faire semblant.


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  •  

    La nuit sur la route du désert. C'est toujours aussi "beau"... Juste vibrant.
    Ce n'est pas Vera Lynn qui chante "We'll meet again", et pour le coup, c'est tellement mieux...
    Juste la route sinueuse, le désert à perte de vue, et la lune ébrechée pendue au-dessus d'une bâtisse abandonnée, perdue au centre d'une terre figée dans le temps et sa nuit ; majestueuse.
     Demain matin, tout aura disparu, il faudra attendre le soir, encore, et que le froid revienne s'étendre ici pour sentir de nouveau ces spectres secs et indifférents qui errent à ma manière entre les espaces.
    Suivre des yeux la route, en fredonnant tout bas.
    Et retenir un temps la course des étoiles.


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  • ...

    Alors tout a recommencé.
    Tu t'es heurté encore à ce vieux mur pourri, et cela ne t'as même pas fait mal. Plus tant que ça.
    C'est établi à présent, tu le sais bien. C'est seulement lassant, et long, et tu voudrais pleurer, mais ce n'est pas possible, et d'ailleurs tu voudrais avoir envie de pleurer, voilà la vérité.
    Comme il doit être doux de sentir tomber pour frapper le sol de ses poings, et juste hurler pour rien, parce qu'on trouve Ca trop dur. Ou cruel. Ou injuste.
    Mais ce n'est même pas ça, et tu n'as pas envie de te meurtrir les mains à battre la terre sèche et à te révolter contre une injustice dont tu es fait tout entier.
    Et ce n'est même pas triste, et même pas effrayant, et même pas révoltant.
    Puisque ta place est là.
    Là où tu l'a voulue, où tu la veux encore.
    Tu es celui qui marche et qui ne va nulle part, qui n'a pas de maison, et qui soupire en vain sur les pays lointains et les terres interdites, et tu n'as pas de larmes à verser sur ta vie, et même pas un sanglot pour soulager ton coeur.
    Et tout est convenu, et tout est clair et propre, gravé profondément sur le mausolée blanc.
    Tout va bien, les choses sont en place, telles que tu les as pensées, disposées par tes soins, et tu es pourtant las, comme avant, tu constates, mais tu ne songes même plus à interroger tes gestes que tu sais vains et tristes, et ton regard se perd sans que tu le retiennes, et sans que tu puisses le suivre, ne serait-ce qu'un petit peu... Juste un petit peu..
    Ce n'est pas un retour. C'est simplement que rien n'a jamais changé.

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  • Pour s'étourdir il ne suffit plus de quelques présences trop claires, ni de quelques projets friables.
    Pour s'étourdir si c'est encore possible, il faut un grand départ, un vrai, sans retour, sans fausses certitudes, sans espoirs ni attente. Pour s'étourdir il faut aussi apprendre à vivre. Il faudrait tout cela, et tellement plus encore...
    Mais dans ce train qui tourne en rond, ce qui n'est pas permis est clairement énoncé. On sait trop bien ce qui reste.
    Faire semblant.
    Faire semblant et espérer perdre pieds ne serait-ce qu'un instant.
    Juste un instant..

    Pleurer pour soi est interdit.
    Pleurer pour d'autres n'est plus admis.
    Quand il n'y a plus de larmes on s'inquiète parfois de notre place en nous.
    Au dedans, le froid et la nuit, encore et ce sol aride toujours plus dur de jour en jour.
    La fer glacé des rails même pas rouillés, et le fracas répétitif qui ne couvre même pas les plaintes lancinantes de la corne de brume au fond des ténèbres.

    Parce qu'on se fiche bien des amarres lorsqu'il n'y a plus de rives
    Parce qu'il est des oiseaux qui meurent dès lors qu'ils touchent le sol
    Parce que dans l'isolement, le rire ne vaut plus rien, ne conjurant même plus les vieux spectres muets...

    Quand les éléphants combattent, le monde tremble et il se crée d'immenses tourbillons dans la terre.
    La gueule du monde est imprévisible et pourrait bien happer ce qui passe à portée.
    les falaises se sont faites toute lisses, plus rien pour s'accrocher.

    Impossible d'échapper au piège du fourmilion.


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  • fin


    Je revois l'horizon accablé de nuages ; et marche de nouveau sur les berges vaseuses, attendant les tonnerres, qui ne déchireront finalement jamais ces cieux immobiles.
    Aujourd'hui tout est figé, les noyés ont coulé et les eaux ont mangé ce qui me retenait.
    Alors je puis m'asseoir, dans l'herbe jaunie par ces soleils dévorants que je redoute encore, je sais que tout est suspendu, que rien ne viendra plus troubler la surface de l'eau.

    Je viens sceller l'adieu, mais, face aux plaines assassines qui sont pourtant toute mon âme, il m'est bien difficile de déserter les lieux, pour laisser se défaire et disparaître enfin ma vaste prairie desséchée.
    Je ne me sens chez moi qu'en ce seul lieu maudit, nourri de cauchemars et de lamentations.
    Ma prairie désolée que j'ai tant regretté, aimé, comme la maison rêvée des orphelins de coeur, battue par d'effroyables vents qui balaient les espoirs...
    Ma prairie, mon pays, berceau de toutes mes morts...

    Plus rien ne bouge ni ne soupire.
    Contrées essoufflées, c'est à vous de mourir, à moi d'aller me perdre, loin de vous cette fois...
    Ma prairie, mon pays, berceau de toutes mes morts...

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  • ...

    C'est juste que j'en ai marre de n'avoir rien d'autre à dire.
    Les mêmes mots qui constamment reviennent, ces commencements de fins et ces fins de commencements.

    La route interminable, la boucle continue, le mur infranchissable...

    C'est que je tourne en rond, c'est que rien n'a bougé, même si les couleurs changent c'est juste le même fond.
    C'est juste la même heure, la mer est identique, les nuits sont comme les jours et la corne de brume retentit dans l'espace, comme le chant des coyotes s'étire sur la prairie.

    Je ne sais s'ils tournent ou s'ils sont tombés, et la nausée me berce puisque je n'ai plus peur.
    Je pourrais bien courir sur les rails délabrés, je ne prendrais pas garde au soleil meurtrier, je ne saurais même pas sentir que je m'affaisse...
    et je ne saurais pas apprécier ma chute, car, une fois, les tonnerres ont brûlé ma cornée et déchiré mes paumes.
    Alors je ne sens plus que la morsure de l'être qui se tord et se fige entre mes phalanges raides, alors je ne vois plus que la poussière épaisse qui danse sous le soleil,

    et tandis que l'Hibou se confronte au soleil, je me perds dans les terres que j'ai fais exister.
     


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  • ...


    Elle est revenue, la bête vicieuse qui enlace le coeur et fait tinter les barreaux de la cage. Elle était assoupie, je surveillais ses rêves et craignais son haleine, mais elle s'est réveillée, et la voilà campée, les yeux fixés sur moi elle guette la syncope.

    Elle est revenue, l'envie de partir...


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  • Je n'aime pas ces heures qui pèsent tant sur la nuque. Je n'aime pas sentir le poids désagréable de ces petites agitations qui jamais ne me passionneront. Juste de l'agacement, ne pas pouvoir s'en libérer en les chassant simplement d'un geste paresseux, car le masque des mondes nous rappelle soudain notre fausse condition.
    Je ne parviens jamais à me laisser porter par ces fades soucis, que je contemple de loin, comme une curiosité qui ne m'appartient pas. Si je suis engourdi c'est par tout autre chose que ma misérable verve, jamais, ne pourra profaner tout à fait.
    A mesure que j'avance et m'abîme dans les plaines, je perds le fil des mots et m'isole un peu plus. Je ne saurais jamais imiter même grossièrement le chant du rossignol ou celui des grenouilles. Je ne saurai prétendre que j'ai des choses à dire (et puis à qui voudrais-je le faire croire?), je n'ai rien à raconter. Aussi devrai-je bien finir par ne faire qu'écouter, et demeurer muet.
    Alors peut-être, un soir, à l'heure où les étangs semblent louer les morts par des sons trop étranges chantés par les roseaux, j'entendrai une histoire et saurai un secret. Et tout disparaîtra puisque j'aurais compris.

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  • ...

    La roue tournera bien, quand les chiens seront froids..

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  • ...

    Tout est en place, et l'on revient doucement d'où l'on est arrivé.
    Les sentiers arpentés maintes fois ont une toute autre allure, même si la grande route conserve son odeur. Les vieux contes reviennent et les sons se réveillent, puisqu'il convient de rire pour conjurer la boue ; encore et toujours, le même rire éteint et qui monte du gouffre.
    Revenir à ces souffles qui ont tout traversé, se rappeler seulement ceux qui n'ont pas faibli, sans revenir sur ses pas, puisqu'il ne reste rien.
    J'ai toujours dans ma paume ce même feu sacré, j'ai durant tout ce temps ouvert un peu la main, je le savais bien là, je voulais m'assurer qu'il brûlerait toujours.
    Reste à présent les autres horizons, il faudra repartir. Ailleurs. Chercher là bas ce qui peut brûler d'autre derrière chaque montagne. Et peut-être qu'alors, à la fin, il ne restera rien.
    Rien d'autre, rien de plus qu'à présent.
    Juste recommencer.
    Mitakuye Oyasin


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  • ...

    "Il n'y a pas à le nier, nous sommes deux maintenant... je veux dire moi et mon double qui a surgi du lac et qui m'a poursuivi jusqu'ici... Ayez pitié, Maître, prenez votre canne-épée et tuez ce coquin... il est fou il croit que je le suis et il peut nous perdre tous les deux. C'est lui qui a, par ses conjurations, provoqué l'orage, dehors... les esprits se meuvent dans les airs et leur choeur déchire les entrailles de l'homme... Maître, Maître! appelez ici le cygne... qu'il chante... Mon chant est mort, car l'autre Moi a posé sa main blanche et froide comme la mort sur ma poitrine, et il devra la retirer lorsque le cygne chantera... il sera forcé de replonger dans le lac..."

     

     Hoffmann (le chat Murr)


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  • ...


    Un pépin, ça ne sert à rien. La pluie tombe et quoi! ça sert tout juste à s'appuyer lorsque le corps chancelle.
    J'ai de l'eau jusqu'au genoux et n'ai que faire de cheveux secs.

    Ils tournent, ils tournent encore, et toujours, je les regarde.
    Sans comprendre.
    Rien n'a changé, ils tournent encore, c'est la même ronde que j'observe, sans intérêt. Juste parce qu'ils sont là, et qu'il faut bien poser ses yeux sur quelque chose d'"autre" parfois.
    Ils parlent aussi. Je n'ai jamais connu le vertige qu'en les écoutant, en les regardant. Vertige effrayant, ou pas, j'ai du mal, je n'en sais rien, je ne comprends pas. Rien n'a changé, tout est en place.
    Ils s'enivrent de ce qu'ils nomment "soucis" et s'étourdissent jusqu'à la nausée. Ils ne s'endorment qu'après avoir compté et recompté leur vains problèmes, et contents d'eux trouvent la paix dans cette petite agitation constante de l'être,  de ceux qui vivent et dansent.
    Je suis un point vacillant mais immobile, planté au centre et qui, muet, n'a rien à dire ni à donner.
    Et rien à prendre ou à gagner.

    L'orage gronde et mon train s'est arrêté.


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  • MITAKUYE OYASIN

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  • ..

    Je suis le couard qui prétend se dresser comme une gargouille malade, celui qui feint d'être debout tandis qu'il s'enfonce dans la vase. L'orgueil des lâches m'anime, le sursaut répugnant qui sait parfois glacer.
    Celui qui croit combattre, quand il se laisse doucement etouffer par les murmures, celui qui s'endort paisible au coeur du grand désordre.
    Je n'ai rien dans mes mains que j'aie à défendre. Ma hargne n'est que masque, derrière, je suis vautré dans mes névroses douillettes. Je ne me dresse contre rien, et c'est seulement alors que je peux tenir droit.
    Que reviennent les pensées meurtrières qui font ployer l'échine, et je m'affale soudain pour mieux les contempler.
    Sans résistance aucune.
    Et si je marche encore, c'est que mes jambes me portent, et sans me consulter.


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  • ...

     

     

     

    Et puis merde, tiens.

     

     

     

     


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  • ...

    ..."alors à présent et pour toute ta vie, il faut nous dire aurevoir."
    cette fois l'adieu est scellé et il faudra continuer de suivre la route.

    "Etoile reste
    Etoile part
    Etoile n'a pas la plus riante ni la plus douce des lumières
    Etoile est celle qui brille au loin
    au-dessus de nos long chemins
    avec pour tout bagage ce qui n'a pas de nom."

    C'est la peine acquise qui est la plus destructrice.
    "Tu es le mat malgré toi, pas de beauté dans ce que tu es, tu es juste une étrangère et tu le sais bien. Tristement résignée à l'oppression."

    Et je sais bien que je suis seule sur la route. Seule à sentir la douleur de mes pieds. A regarder les autres adoucir leur existence en sachant que ce ne sera pas mon cas. Toute entière au dur travail de mourir. Le deuil de mon identité. Avant de me décomposer.

    "Elle est l'étoile de notre chemin. Elle est la haine et l'amour, et tout ce que nous sentons, et est notre point faible. Il nous faut la voir comme ce qu'elle est, à savoir la part d'individualité illusoire que nous possédons malgré tout.Fais le deuil de ton identité car elle mourra avec ton corps."


    Les loas se sont tus, et pour toute la vie ils ne reparleront. Les loas se sont tus, et un jour j'oublierai comment nous leur parlions.
    Plus besoin de loups...

    "rien de plus.
    C'est la vie qui continue et la route qui, adroite, trace à travers les ronces."

    Puisqu'ainsi vont les choses.
    Puisque la vie continue et que la route trace sans se soucier des fausses conversations.
    Puisqu'il faut marcher encore, et jusqu'au bout sans oublier, que tout est là, tout. Tout.
    A plus tard peut être, de l'autre côté des mondes...

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  • De tous les univers, qu'ils sont hideux les monstres que l'orage façonne...
    La nuit s'est contorsionnée, les éclairs, étouffés derrière de lourds nuages couleur de pétrole, ont déchaîné la mer ; des tornades avortées et les plaintes des vents, ont déchiré le ciel pour créer le Monstre à six bras qui chercherait mon antre.

    Iktomi ne m'a pas trouvé cette fois.

    Il reviendra souvent je le sais bien, jusqu'à me dévorer au détour d'un songe incontrôlé, avec une armée de fourmis et de tonnerres brûlants.
    Il attend simplement que les cadavres aient cessé de hanter mes gestes.
    Alors il reviendra. Il me cherche déjà, je le sens tapis au fond de mon cerveau, il me pousse vers le bord, il me pousse vers le bord...

    Mais pour lors j'ai trop peur.
    Et refuse de sortir ;

    je refuse de sortir je refuse de sortir je refuse de sortir


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  • ...



    11 avril

    "C'est juste la fin d'un travail".
    C'est comme un adieu, pourtant c'est autre chose. Il n'y a pas de mot à mettre là-dessus. Le vide s'engouffre et reprend sa place. Au centre.
    Puisqu'il ne sera jamais possible d'expliquer ce qui ne se dit pas.
    Puisque tout ce qui portait des mots a été dispensé, qu'à présent c'est le vent qui apportera seul ce qui ne s'entend pas.
    Puisque jamais l'orage ne s'abattra sur le cadavre de la silencieuse et sur l'écho de ses dernières paroles, et qu'il faudra abandonner là tout espoir de dire et d'être compris...




    "Etoile reste
    Etoile part
    Etoile n'a pas la plus riante
    Ni la plus douce des lumières"

    Le silence et la solitude.
    Je suis de ceux-là qui ont perdu la voix. De ceux qui ne savent dire et s'expriment par gestes vagues et avortés, qui n'ont jamais de mots et ne savent en inventer.
    J'ai cessé de tenter d'exprimer ce qui ne se dit pas.
    Le silence de la grande prairie, la solitude du long chemin, la route parsemée de cailloux tranchants à laquelle j'ai choisi de m'attacher pour me meurtrir les pieds à tout jamais.
    Le prix du souvenir et de l'acquis inutile. Puisqu'il n'y aura jamais de repos. Repos-néant, muet, trame de fond, néant, néant.. les larmes sont le prix à payer pour ne pas oublier.
    Le chemin plein de ronces, ma route assassine dont les fleurs n'auront jamais que cette odeur fade et entêtante..

    "jamais que l'odeur des roses des prairies, c'est à dire l'odeur de ta propre fin"

    "Accepte-le car tu n'auras que cela tout au long de ta vie, avec pour tout bagage des passants, et des larmes qui ne seront jamais tiens. Parce que tu es silence et solitude, et que tu sais parfaitement ce que cela coûte de parler de ce qu'on est."

    Seul à sentir la douleur de ses pieds.

    "Etoile reste
    Etoile part
    Etoile n'a pas la plus riante
    Ni la plus douce des lumières"



    Un jour j'aurais oublié.
    Un jour j'aurais oublié comment parler aux loas.

    J'ai rêvé, d'une très vieille femme, de celles qui ont tellement vécu qu'on s'imagine toujours qu'elle ont eu "une si belle vie bien remplie".
    Tournée vers la Route, elle parlait du long chemin avec un curieux air amusé ; elle n'avait aucun mérite à en être arrivée là, tout ce qu'elle avait jamais fait, c'était marcher "parce qu'il le fallait", en ne perdant pas de vue la route, en s'accommodant autant que possible de "ce pays de pourriture qu'on appelle la vie." Et son si curieux et si doux petit rire presque éteint de vieille fatiguée.



    ______________________

    30 avril

    Un trois-mâts sur un récif, sur un rocher rougeâtre battu par les eaux les plus féroces. Les eaux qui emportent et qui frappent, mais le bateau reste à poste, échoué pour jamais si près des côtes.

    Cette nuit j'ai vu des requins, j'ai été dévorée. J'ai vu des bateaux tenter de voguer sur les terres et ça n'a pas marché. Je me suis promenée sur un chemin étrange, à moitié goudronné, à moitié effondré ; tout autour les larges flaques d'essence reflétaient un ciel que je ne voyais pas, et rempli d'arcs-en-ciel qui n'existaient même pas. Et de profonds trous d'eau me rappelaient le gouffre dans lequel je ne cesse d'envoyer des cailloux.
    Les gens me bousculaient sur le chemin étroit et délabré, personne ne voulut s'arrêter un instant pour contempler la crasse de laquelle naissent les chardons empoisonnés. Et mes roses des prairies. Sans couleurs et à l'odeur de cercueil terreux.
    Sur les berges hier soir, j'ai rencontré Denis, qui allait bientôt mourir. Il m'a dit "que la vie soit belle princesse! Bonne chance, good luck, et démerde-toi!".

    ...Et tout ce que je suis incapable de dire...



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  • ...

    C'est donc cela.
    Voilà, c'est tout.. juste cela.
    Les baumes empoisonnés.
    Les voix qui susurrent les mots de la fin, tout est déjà prêt pour graver l'épitaphe.

    "Etoile reste
    Etoile part
    Etoile n'a pas la plus riante
    ni la plus douce des lumières"

    Et l'odeur des roses des prairies. Loin des mondes bâtis avec des roses sans épines.
    Il est déjà bien lourd le poids de la petitesse résignée. La vanité, on a beau dire, mais ça donnait des ailes, un peu de légèreté du moins, pour traverser l'étendue plate.
    Qu'importe puisque c'est loin derrière, la route s'est déjà effondrée sur ces pieux mensonges et a scellé la tombe.

    Au seuil des invisibles, face au portail de fer planté dans la prairie.
    Sur ce point nulle part qui embrasse les mondes.


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    L'inutile mais nécessaire multitude.
    La complétude illusoire au service de l'apprentissage de la solitude muette.


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    J'ai rêvé cette nuit d'une très vieille femme, de celles qui ont tellement vécu qu'on s'imagine toujours qu'elle ont eu "une si belle vie bien remplie".
    Tournée vers la Route, elle parlait du long chemin avec un curieux air amusé ; elle n'avait aucun mérite à en être arrivée là, tout ce qu'elle avait jamais fait, c'était marcher "parce qu'il le fallait", en ne perdant pas de vue la route, en s'accommodant autant que possible de "ce pays de pourriture qu'on appelle la vie." Et son si curieux et si doux petit rire presque éteint de vieille fatiguée.


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    J'ai donné mes dernières pièces au clochard qui squattait le parvis de l'église de laquelle je sortais. Il m'a dit que le Bon Dieu c'était moi, que tous ceux qui s'en remettent au Christ et qu'il voit passer tout le jour ne sont que des fainéants, que Dieu est en nous, partout, et que j'étais plus chrétienne que tous ceux là qui ne l'ont jamais regardé.

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