• Le fleuve des enfers qui me sépare de l'Autre Vide s'est trouvé réduit à un ridicule ruisseau. L'eau figée et grasse, aux relents de charogne, reflétait encore ce ciel noir, encore, sans pluie et sans orage..
    J'ai marché sur la rive , la prairie verte et pour toujours malade s'étendait à jamais, et tout était muet, suspendu, comme dans aquarelle.

    Du tabac dans ma bouche, du tabac qui étouffe, impossible à recracher...

    Et j'ai marché ainsi sur les bords de l'Oubli jusqu'à un caveau vide.
    Mon caveau. Ma tombe, ma tombe au coeur de la prairie.
    Dans la pénombre rassurante j'y ai bu l'eau froide qui stagnait dans un bénitier de marbre...

    Puis est venue la crue.
    La vague de reproches, de paroles assassines, le flot de vérité méchantes qui frappent, assomment, broient.
    Petitesse, petitesse face à la mer, ridicule tentative de survivre au tumulte.

    Et le chemin vers le phare éteint, seul émergeant de la tempête silencieuse.
    "le vieux sphinx", invoqué "lorsque monte l'odeur des algues mortes. Ce qui était et s'étiole pour être".

    Les nuages ont rencontré la mer. Les eaux se sont confondues avec avec le ciel noir,
    tout a roulé, tout a sombré, aspiré, recraché, brouillé dans un formidable fracas, tout, tout s'est mélangé.

    "Sa délation est celle qui a substitué l'apprentissage du néant à celui de la simple mort"

    Trois vierges noires sur un parvis d'église.
    Une salle d'attente aux allures de hall de gare. Et des billes et des enfants. Et dehors, la pluie encore.

    "L'avant poste de la grande délation"

    Et trois vierges noires sur un parvis d'église.
    Trois vierges trapues à la peau brune et au regard stupidement fixe. Serrant dans leurs bras un enfant sans visage, emmailloté dans l'émail.
    Comme la vierge du Taur.

    "Trois pleureuses pour ce qu'elle croyait ne pas pouvoir perdre. Trois hurlantes défiant ce qui existe pour qu'il puisse être.
    Les gardiennes du seuil, qui couvent le feu impur qui transforme le pétrole en charbon"

    Pardonne, pardonne la fin de ma vie, pardonne ma pourriture et la boue que je sue, pardonne la triste route qui trace même sous l'eau..
    je ne sais que constater
    sans jamais pouvoir m'étourdir.


    "Derrière la porte, le tombeau reste vide."
    hijigop


    votre commentaire
  • ..

    Le fleuve des enfers qui me sépare de l'Autre Vide s'est trouvé réduit à un ridicule ruisseau. L'eau figée et grasse, aux relents de charogne, reflétait encore ce ciel noir, encore, sans pluie et sans orage..
    J'ai marché sur la rive , la prairie verte et pour toujours malade s'étendait à jamais, et tout était muet, suspendu, comme dans aquarelle.

    Du tabac dans ma bouche, du tabac qui étouffe, impossible à recracher...

    Et j'ai marché ainsi sur les bords de l'Oubli jusqu'à un caveau vide.
    Mon caveau. Ma tombe, ma tombe au coeur de la prairie.
    Dans la pénombre rassurante j'y ai bu l'eau froide qui stagnait dans un bénitier de marbre...

    Puis est venue la crue.
    La vague de reproches, de paroles assassines, le flot de vérité méchantes qui frappent, assomment, broient.
    Petitesse, petitesse face à la mer, ridicule tentative de survivre au tumulte.
    Et le chemin vers le phare éteint, seul émergeant de la tempête silencieuse. Les nuages ont rencontré la mer. Les eaux se sont confondues avec avec le ciel noir,
    tout a roulé, tout a sombré, aspiré, recraché, brouillé dans un formidable fracas, tout, tout s'est mélangé.

    Trois vierges noires sur un parvis d'église.
    Une salle d'attente aux allures de hall de gare. Et des billes et des enfants. Et dehors, la pluie encore.
    Et trois vierges noires sur un parvies d'église.
    Trois vierges trapues à la peau brune et au regard stupidement fixe. Serrant dans leurs bras un enfant sans visage, emmailloté dans l'émail.
    Comme celle de Notre Dame du Taur.

    Pardonne-moi, pardonne-moi la fin de ma vie, pardonne-moi ma pourriture et la boue que je sue, vois je m'éteins mais n'y peux rien..
    je ne sais que constater
    sans jamais pouvoir m'étourdir.


    votre commentaire
  • ...

     


    Ce n'est donc pas la fin du Rêve Gris.
    C'est seulement que je suis devenue ce dernier...

    Enfant maudite du silence et des douleurs enfouies, je porte tes crimes depuis mon plus jeune âge.
    "Le sacrilège qui reste inégalable"
    Et tu voudrais me laisser? Me laisser là, avec le Silence pour toute relique, pour entrevoir ce que j'étais et ce que je deviendrai...

    "La cicatrice prime" depuis toujours sur le coeur que je ne porte plus. La cicatrice suinte, s'infecte, et sa brûlure me meurtrit.


    "la silencieuse. Le cap est franchi qui fait de ce qui est, ce qui était mais tu luttes contre la perte de sa mémoire.
    La mutilation est ton expression de la séparation - ça n'est pas ma petite qui pourra la chasser mais bien la silencieuse qui devra quitter les sables que mon frère gardait jusque là" Hijigop 30-03-08



    "tu as laissé les fourmis regagner leur forteresse chargées des morceaux de celle qui aime ce qui la trahit, mon frère devra ne plus barrer leur route"
    Oui Hijigop, j'ai laissé les fourmis se repaître de Sa chair pourrissante qui s'accrochait à mes os. Lisses et blancs je les déterrerai, et de la boue me façonnerai un coeur.
    Ou bien je resterai assise dans ta nuit sans savoir où errer.

    Enfant maudite, je réclame ton nom depuis toujours, grotesque demande, en espérant ainsi me libérer de toi. Puisque toi tu t'en vas laisse-moi donc cela...
    Mais les loups disent qu'il est poison.
    Interdit jamais bravé, à jamais hors de ma portée...


    "le tabou posé par rejoniK sur la silencieuse la dépasse - il s'agit de protéger le Fou de l'Impératrice"
    "Rejonik est ceui qui interdit aux ancêtres de souiller les expériences, le nom reste est une brèche au milieu de son corps"

    Puisque le mat est menacé... Soit, gargouille putain qui me toisait naguère, je ne t'offrirai pas ma nuque une autre fois.




    Rouvrir les yeux et apprendre, comprendre ce qui m'apparaît mascarade,"Le cloisonnement nécessaire à la complétude de la loi"
    Le mensonge que je vois est une autre illusion. Constamment balancer d'une illusion à l'autre...
    Et la gueule du néant qui attend le faux pas...


    "le néant est le sommeil de la loi, elle le peuple de cauchemars pour s'éveiller perpétuellement. C'est la trame de fond, nous nous balançons sur la toile que la grande fileuse tisse au dessus."

    Je sens bien que je m'enfonce. Je sens bien que je vais me noyer de nouveau, bientôt. Hotouob si tu pouvais laisser ce cadavre avant que le limon n'emplisse encore mes bronches...

    "le prédateur meure de faim si il ne sait pas être sa propre proie.
    intégrer la destruction n'est pas résumer la création à la première-mais admettre la nécessité des deux.
    la loi cherche des formes de création et de destruction équivalente, pas des cales"

    Mais c'est pourtant si faux, ça semble si flagrant, tant d'impostures qui nous accablent, elles sont palpables, elles rient je les entends, et je devrais les intégrer et m'étourdir avec?
    C'est cela la "lumière" qui devra contrebalancer l'ombre que j'ai intégrée... J'attendrai qu'elle s'impose donc, car d'ici je ne vois plus la route.
    C'est que ma vue doit être encore troublée, par les brouillards épais des cicatrices encore brûlantes.


    "l'amour propre bâti sur des charognes puantes,les blessures profondes infligées par des armes inoffensives, l'auto-humiliation d'avoir eu foi en ce qui n'est même pas."
    "il faut
    apprendre à marcher avec le pire de soi pour pouvoir découvrir la création construite à partir non pas des charognes mais du limon qu'offre leur assimilation.
    La culpabilité originelle que scelle le rire est l'origine mais la silencieuse était là pour appuyer l'instinct des bannis - les autres blessures se sont construites autour de ce poteau mitan"



    Il faudra reprendre la route, même aveugle... Marcher, encore encore...


    "on n'en sort jamais ma petite que lorsqu'on rejoint le Néant, mais chercher à hâter le retour à lui ne fait que ralentir l'expérience"

    ___________________________________________________________________________ 

     

    27 mars 

     

     

    Je suis fatiguée...

    "Je n'avais pas compris. Je te croyais délibérément alliée de l'invisible, alors que tu y es condamnée" Hotouob

    De nouveau celle que j'ai choisi d'être. Devenue un reflet un peu plus conscient de son (non-) état.
    Passeurs, pour tous ceux qui ne connaissent pas le chemin. Je peux traverser seule à présent.
    Frère, nous sommes comme les loups, tu as compris l'envers du monde, moi je l'ai vu. Nous marchons sur les sentiers d'Etiloat, portant dans nos mains les fardeaux que le Grand-Père nous a attribués.
    "Celui qui engendre et punit". La Loi elle-même.


    "Pour être capables de supporter la compréhension du monde"
    Celle qui grignote un peu plus chaque jour tout ce qui fut bâti.




    Je suis la Silencieuse. Même si la noyée est à présent libérée, je suis toujours celle-là. Celle que je fus, que je suis, que je serai.
    Dans mes mains, le Silence.


    Et l'eau comme éternel berceau de ma loi.

    Après la Nuit, s'acheminer vers "la grande délation", "hurler à l'imposture" pour mieux apprendre à se taire face à ce qu'il est vain de vouloir secouer. Consciemment.
    S'affairer à le trouver, "Celui qui engendre et punit". Continuer de chercher les points d'accès, les fenêtres ouvertes sur les distorsions de l'invisible.

    Je suis fatiguée.
    Me fondre dans la pierre jusqu'à ce que les fourmis aient terminé de nettoyer mes os.
    Attendre jusque là.
    Attendre sans mot dire, retrouver la solitude pour lui montrer mes trophées de poussière.
    Et disparaître au monde, disparaître à moi-même, le temps de jeter un regard sur les décors qui dansent.
    Et si mon sang se glace encore aux plaintes de la corne de brume, c'est sûrement par réflexe, sans frisson, sans surprise. Je n'ai plus peur de ma voix..

    Ecouter le vide.


    Je suis fatiguée.
    Et pour l'instant
    Je n'ai plus rien à dire.


    votre commentaire
  • Cette fois je me suis faite oiseau, et j'ai erré, piteux volatile malade, avec difficulté, entre les pins parasols squelettiques qui déchiraient le bleu d'une nuit aux allures de fausse Frontière.

    Je connais cette orée fantomatique...



    Des morceaux de murs de pierres, quelques ruines éparses au milieu de clairières misérablement belles.
    Mais il n'y a rien de plus, rien de plus, rien de plus...

    Etait-ce toi, Sapa, qui m'a poursuivie, grondant, haletant, l'oeil furieux, me forçant à m'élever malgré mes ailes lourdes, pour éviter de peu ta gueule d'affamé?
    J'ai entendu le son de tes mâchoires claquant si près, si près de ma gorge...
    Pourtant je ne suis pas certaine que tu ne m'aies pas mangé.
    Probablement les deux. C'était cela n'est-ce pas?

    Me forcer à voler...

    Si bien sûr...

    Me démener pour mon loup. Opprimé, opprimé, comme ce cheval en cage que j'avais veillé.

    Me forcer à voler...


    J'ai heurté les troncs rugueux et je me suis fait mal.
    J'ai avalé la nuit et elle, elle m'a mangée.

    Il n'y a plus de frontières, Hotouob.
    Il n'y en a jamais eu.
    Hotouob, j'ai un pied de l'autre côté, ce ne sont plus des rêves, c'est redevenu "moi".
    Il n'y a pas de limites, plus de limites. Je suis Houmap. J'ai dévoré mon coeur et recraché sa hargne, j'ai enterré mes os au pied d'un arbre mort. Je suis Delapona, je suis seule, je suis plurielle, je suis multiple, je me répand et me confine. Je suis faite de pétrole, couverte de goudron, j'ai enfin compris, pourquoi la marée noire.
    "Juste une masse noire, des fuites, des volutes noires"... C'était donc ça...

    Je suis redevenue celle qui n'a pas de limite, je me suis souvenue n'avoir pas voulu naître et j'ai glané une terne paillette de fer, en grattant le granit.

    Nous sommes des psychopompes pour ceux qui partent avant.
    Nous sommes psychopompes autant que déjà morts.
    Nous sommes comme vous.
    Nous sommes vous.
    Nous sommes tout cela, puisque rien que de l'ombre, rien que du vent.
    Nous sommes mort-nés, affairés par défaut à préparer la traversée.
    Nous sommes un.

    Nous connaissons les contrées d'Etiloat, nous marchons sur une route qui n'a finalement jamais séparé les mondes, et qui n'a pas de fin. Nous sommes un, nous sommes Rien.
    Nous sommes SeuL puisque l'Unique.
    le Tout, le Rien, la grande nuit, et son froid mordant, cherchant dans l'autre un reflet le plus précis possible de notre être profond.
    Un reflet noir, un reflet vide. Le plus précis possible, l'impossible à brouiller...
    Nous sommes, tout ce qui est indescriptible, tout ce que le verbe oublie, ternit, les fragments nécessaires et même pas utiles, Seul et complet, nous sommes des morceaux de l'Un, infiniment seul, infiniment grand, infiniment petit, infiniment tout, infini, infini, terrible éternité-mortalité-finalité
    continuité.
    La boucle parfaite le cercle jamais rompu, la route jamais rongée.
    Nous sommes la Route.
    Nous sommes un seul, Seul.
    L'Unique.




    Ce soir sur le chemin du retour, deux clochards m'ont donné un oiseau en rameaux. Signe que j'attendais -pas- aujourd'hui.

    votre commentaire
  • ...

    Une couleuvre rousse, une couleuvre blanche, lovées dans les cendres froides d'une cheminée sale, contre le ventre blanc d'un tigre grotesque aux pattes atrophiées. Et des lézards qui fuient pour ne pas qu'on les mange, partout des lézards, qui s'éparpillent, comme le font ces minuscules araignées qui, par milliers s'arrachent du dos de leur mère écrasée. Comme une fourmilière pulvérisée. Des flots...
    Tandis qu'on envahit mon espace, tandis que le tigre s'éveille et referme ses mâchoires sur ma gorge, calmement. Puisque c'était prévu.

     

    Les gens se hâtent, ils semblent refuser d'admettre que courir sous la pluie ne les protègent en rien de ce qu'ils considèrent comme un désagrément. Ainsi ils disparaissent dans les portails, trempés et contrariés, malgré tous leurs efforts hypocrites.
    Sous une de ces mêmes petites averses qui révèlent mon ridicule, lorsque, enivrée, je laisse les mots de celle que je ne suis même plus, résonner à travers les méchantes plaies que je voudrais refermées pour toujours. Pour ceux qui les ont un jour ouvertes, et qui, devenus spectres fades, n'ont laissé que des bruits blancs, mais parviennent encore à me jeter à la face l'arrogance que j'ai, parfois, d'oser penser pouvoir oublier ma Faiblesse.
    Je n'avais jamais remarqué, aux abords des barrages, le bruit de l'eau qui coule. Le tumulte artificiel qui ressemblerait presque au ressac des vagues, contre les tétrapodes de la jetée du dragon, vieux nexus peuplé d'ombres tenaces courant comme tant de chiens, autour d'un pauvre phare rouge.
    Je ne suis que cela, rien qu'un reflet brouillé dans une flaque d'eau. Bousculée par des ombres haletantes qui me montrent "autre chose". Parfois.
    Parce qu'il m'arrive encore de me mentir un peu, et de courir sous la pluie.


    votre commentaire
  • ...

    J'ai marché mille fois sous de semblables cieux. Et où que je me trouve, les odeurs sont les mêmes, comme les cris des corbeaux, la lumière sur le pavé.
    Je me souviens des crépuscules sous ce même ciel trop bas, en ces terres au-dessus desquelles les nuages roulent trop vite. J'aurais voulu les accrocher pour qu'il prennent le temps de se mirer dans les eaux sales de la morne Liffey, pour chasser mon reflet du miroir noir et gras que la pluie finissait toujours par brouiller tout à fait.
    Pour me croire m'évanouir dans le gris du ciel, du fond des eaux noires d'un canal dégoûtant.
    Les lumières maladives du couchant, perçant les nuages lourds vautrés sur le fleuve, ont ravivé ce soir ces sensations gluantes. Me revoilà, endolorie, étrangère au monde et à moi-même, traversant le large pont sur lequel [b]je n'ai croisé personne[/b]. Le flottement encore, l'engourdissement des sens et l'éveil d'autre chose...
    Ce soir je me repais de tous ces lieux qui m'ont engluée. De tous les chant d'oiseaux détraqués, qui s'éveillent dans la nuit et pleurent aux réverbères. Du joueur de khéna, et de cette femme si belle sur l'escalier de la poste. Et tant et tant encore..
    La plainte lancinante de la corne de brume...
    Demain sera un beau jour pour mourir.

    votre commentaire
  • Je me suis humiliée avec des mots trop vagues
    Petits, petits, si petits, tellement petits
    Tellement vagues qu'ils demeurent vain, à tenter de dépeindre la la route, la loi, la nuit..
    le reste
    Mais l'incapacité à nommer n'a jamais démasqué l'imposture, pas plus que la maladresse.
    Le mur est tombé et ce n'est pas le dernier.
    L'illusion du protecteur s'est étiolée avec ma hargne, et je sais à présent que rien ne viendra plus troubler le calme qui règne sur ma route.
    Tout à des conséquences pour qui s'attache à tout nommer la chute peut être rude.
    Ecouter le silence derrière les mots. Puisqu'ils ne sont qu'oiseaux malades au plumage flatteur.
    Ingérer ingérer ingérer
    Intégrer
    Qu'il n'est rien que la Grande Nuit ne traverse pas comme mille flèches froides et empoisonnées. Puisqu'il suffirait de les accepter, ne plus lutter pour ne plus avoir mal et retrouver le froid mordant et le sol aride.
    Et si je meurs à moi c'est mollement, avec résignation
    Il n'y a pas de différence. C'est une seule et même chose, à quelques détails près qui relèvent de l'Illusion.
    N'apparaissant jamais que comme ce que nous reflétons faiblement dans l'eau noire.

    De nouveau, j'entends la corne de brume...


    votre commentaire
  • ..

    Puisqu'il ne s'agissait sans doute que de moi, tout compte fait. "La part de moi qui est déjà morte". Juste moi qui exprimait toutes mes vraies illusions auxquelles il semblerait que je m'accroche, sans même le savoir, et les quelques mornes désillusions faciles que je n'ai même pas gagnées. Comment expliquer sinon la Douleur sourde qui tord le coeur et serre la gorge, si fort si, fort..
    Débordement puérils si tel est le cas. Et ça l'est sans doute.
    J'ai perdu le fil. Décousu, décousu..
    Puisque c'est ainsi que le chemin doit être parcouru. Décousu décousu.
    Guenilles et pieds en sang.
    Personne devant, ni derrière. Personne à gauche, personne à droite.
    Juste moi seul sur la route qui me mange.
    Juste le froid, juste la nuit.
    Et la Solitude que j'ai presque pensé vouloir perdre.
    non. presque seulement. Elle, est tenace, elle s'est accrochée même malmenée. C'est la seule voie, la seule Vraie, la seule, la seule la seule la seule la seule la seule

    N'était-ce donc que cela? Sinon pourquoi cette Douleur encore..
    oh toi, toi qui me ronge et me bouscule, pourquoi reviens-tu me briser les os, toi que j'avais fais taire, dont je me croyais maître?
    Pourquoi me torturer ainsi, moi qui ne sais même plus dormir?
    dormir dormir, que tout s'arrête, que tout s'arrête, l'espace d'un instant.
    Douleurs amères qui guettent et dont je fais la proie, laissez moi un instant pour contempler ma vanité, pour mieux m'humilier avec de piètres mots reflétant mon inutilité. Vide, vide. Laissez moi chasser mes cieux embuées pour retrouver la seule ténèbre qui doit bercer le monde.
    Laissez moi un instant, rien qu'un instant.
    Laissez moi pleurer, pitié, rien qu'une fois pour moi...
    Ensuite, je rouvrirai les yeux.
    Et serai tout à vous.


    destruction


    votre commentaire
  • "Nous sommes les miroirs de la Loi et nous cherchons la porte que Mâya, celle qui est tout, a dessiné dans la nuit." Hotouob 11-03-07



    "Es-tu partie à Etiloat cette nuit?"

    Oui.
    Je suis Nijlora, mais aussi "celle qui n'en a pas", et je suis passée de l'autre côté du Monde. Comme Il me l'avait dit, il n'y avait rien de plus.
    Je suis morte, déjà, à présent je peux voyager. Nous sommes tous déjà morts, l'avons toujours été, ainsi, nous passons la porte.


    "La peur immolée"

    La peur immolée
    Déchirer tout son être pour tout reconstruire, laisser ce que l'on cache s'ouvrir aux yeux du monde.
      "C'est pour cela que vous êtes opprimés"
    Demander au maître du carrefour.
    Papa Legba ouvre moi la barrière..
      Samedi,
      derrière le rideau de pluie de ton cimetière grand comme le monde,
      permet moi d'avancer.
    J'ai resisté au monstre, qui me cachaient l'Oubli derrière un mur de briques haut comme La Tombe.
      Je n'ai pas peur, je ne me réveillerai pas
      Je n'ai pas peur, je ne me réveillerai pas
      Je n'ai pas peur, je ne me réveillerai pas
    J'avais senti le souffle putride sur ma nuque et mon sang s'était glacé quand j'avais réclamé mon nom.



    Je filerai vers l'Ouest rencontrer Heyan, dans les cèdres géants qui abritent les tonerres, et lui demanderai de m'ouvrir le passage du Couchant.

    "Les loups viennent lorsque la proie a accepté d'ouvrir son coeur à la part de Noir qu'il porte. J'entends par là ouvrir son coeur à la part de soi qu'il a caché dans la nuit de son apparat."


    Que tout est faux
    Que tout est faux
    Que tout est faux

    Vain, faux, vain

    beau




    J'ai vu le portail rouillé planté dans la prairie et les loups qui attendent au loin que je me noie.
    Les chevaux dans le train, et l'oeil hagard de celui qui, enfermé, peinait à se lever, à respirer, à vivre.

    "Non pas en train de mourir, mais opprimé"
    L'oeil vide et noir de la bête que j'ai veillée durant tout le voyage.
    Ce que je suis, que je dois être, ce que je montre ou que je cache, et ce que j'ai tué, et dévoré.
    La guerre, encore. Traque, traque..


    "Tu es la part de moi que rien n'atteint, parce que tu pars"



    Je suis Nijlora et je pars en voyage.

    Etiloat est dans la rue, Etiloat est partout, partout devant nous, derrière nous... partout où le regard se pose, sur la figure rouge de cette fausse vieille bouffie qui porte des chaussures en croco, et qui grimace à la vue d'une fillette qui se mire dans la vitre en riant. Dans les mains du clochard qui parle seul devant la coupole gluante..
    Devant nous
    Derrière nous


    Beauté devant moi fasse que je marche
    Beauté derrière moi fasse que je marche
    Beauté au-dessus de moi fasse que je marche
    Beauté au-dessous de moi fasse que je marche
    Beauté tout autour de moi fasse que je marche
    chant shaman navajo


    "Mâyâ est morte pour celui qui a compris que marécage et paréo ne faisaient qu'un."



    votre commentaire
  • [...] Je sais bien la différence que votre monde peut faire entre un crime passionnel et un crime de sang froid. Sachez seulement que je ne fais jamais rien avec passion, et que tout est fluide dans mes actes, quoiqu'en dise mon reflet. [...]

    J'ai éteint les bougies qui se consumaient le long de la Route.
    Toutes.
    Ce ne fût pas facile, les flammes étaient tenaces.
    Mais il me fallait rejoindre la mer en contrebas, et pour cela, il me fallait la nuit.
    La plage grise et terne.
    Froide, hautaine, lointaine.
    Celle qui me plante face ma petitesse et qui borne les illusions insidieusement bâties sous mes pas.
    Houle de fond, jusqu'au bord, et ces vagues monstrueuses qui ne se brisent jamais.
    Je vois, charriés par elles, en transparence comme s'il s'agissait de leurs squelettes, les débris tout rouillés qui dansent au coeur des cylindres tumultueux.
    Gris.
    Gris, morne, comme le rêve qui étend son linceul sur mon existence.
    Gris.
    Et froid. Et vaguement inquiétant, comme les nuées de ses oiseaux qui viennent annoncer sa venue.

    Les mots s'envolent et chaque lettre est un oiseau.
    Tous ont chu morts, sur la banquise, en restent deux qui chantent encore.

    votre commentaire
  • ...

    Silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence silence...

    Puisque je dors dors dors

    Autant me faire muet, autant me faire point d'eau stagnante, attendant,
    tic-tac
    tic-tac
    Attendre
    Tic-tac
    tic-tac
    Le rythme d'une pendule qui n'existe nulle part.
    Je me rappelle cette rencontre, si loin si loin
    tic
    tac

    Les balises qu'on pose sur la route et qui font paraître la mémoire chaotique.


    Silence
    Silence

    Comme un seul couvercle sur ma vie, grandes parenthèses à jamais ouvertes sur ce qui aurait pu, dû, passer sous ma fenêtre.
    Peut-être
    Parce que je n'ai pu encore grimper sur le toit pour me perdre dans ces couchants qui semblent annoncer les cataclysmes splendides.
    Ce qui se trame après la montagne, derrière l'ange glacial de la Tempérance.
    Pour me rappeler la Tombe qui faillit me sauver de l'inondation.
    Juste avant que je ne plonge de moi-même dans les formidables coulées de boue.

    Parce que je n'ai pu encore suspendre, sur les silences assourdissant qui dominent les rues, les bracelets tressés au fil de mes erreurs. qu'il me faudra laisser comme on largue les amarres d'un radeau qui prend l'eau.

    Il y a parfois des chats qui se battent là haut.

    Silence silence

    Je dors dors dors


    votre commentaire
  • "Je suis Hotouob et je me bats contre leurs ombres."


    Les traîtres, les bannis, ceux qui font des trous d'eau au fond de l'âme, des trous que l'on ne saura jamais ni geler ni remplir de terre. Tous ceux que tu maudis en vomissant la nuit.
    C'est la part de guerrier, celle qui est affamée, à l'œil hagard et qui bave sur ses victimes.

    Il n'y a que le vide, derrière le décor massif...

    ouvre la porte..

    Doutions-nous du fait qu'il n'était rien derrière que de larges piliers plein de l'orgueil des peureux, soutenant trop sûrs d'eux la tour de la Maison-Dieu?

    Derrière la pluie, nos carcasses effondrées, nos esprits bouillonnant comme des marécages, et la lune qui décroît à mesure qu'on avance.





    Qu'y a t-il à garder, et que devrons-nous laisser?
    "Pour défendre la part de Moi, il faut la serrer dans sa main."
    rien que de très petit, dieux que nous sommes petits, dieux que nous sommes donc vains. Mais il tient au creux de la paume, cet atome même pas complet, le noyau dur de l'être celui qui ne meurt pas et que l'on doit laisser nous détruire tout à fait.
    Car
    "c'est la part de toi qui meurt que tu moules dans un cercueil et que tu laisses derrière.
    "



    "La rêveuse a paru endormie" pourtant les limites n'ont jamais existé.

      Le deuil de soi-même

      Le deuil de soi-même


    "L'orgueil de celui qui a cru vivre et qui a lu son erreur"


    Frère, hâtons nous sur la Route puisque tout disparaît. Derrière nous il ne reste plus Rien, il faut laisser les spectres se fondre dans la nuit.
    Ce qui est, était et sera, le temps n'existe pas, nous traversons l'espace comme le vent dans la plaine.
    Puisqu'il nous faut marcher avec les loups, puisqu'il nous faut porter la Loi comme un fardeau béni...

    Et l'insecte qui noue,
    "la fourmi qui dort au creux de la paupière de celle qui donnait sa vie à l'impur" et qu'il faudra accepter. Celle qui "cherche à sauver le monde qui la trahit".

    Loup Noir qui erre dans ma nuit, loup affamé qui rôde dans les recoins de ma cervelle, qui me parle de nos crimes et de nos guerres internes...
    "Il est temps pour nous de courir dans la prairie plutôt que de continuer à nous en nourrir. La silencieuse est en fuite mais il reste l'odeur de la vase dont nos fautes sont couvertes. Nous sous sommes biens aidés à nommer nos douleurs à présent nous devons nous relever des sables mouvants que nous avons tant aimé."



    Baron Samedi nous sommes tes enfants...




    "Ceux qui doivent abandonner la voix de la Loi seront ceux qui chanteront la Fin."

    votre commentaire


  • Les coquillages se rappellent la mer.
    Et moi, j'ai encore oublié.
    Inaudibles, les bruits que font les vieux cahiers qui s'écrasent et meurent, aux pieds des monstres gris gardiens des cendres chaudes. Qu'il demeure toujours loin, le nuage assassin qui couvrira les restes ; qu'ils soufflent en d'autres mondes, les vents terribles et froids qui balaient les histoires et savent glacer la mer.
    Tout est toujours mouvant, gluant, rien n'a vraiment changé, que les choses naissent ou meurent.

    Même si le monde écoute.
    Disparaît, renait.
    S'absente et meurt.
    Se tait.


    Pas plus d'élan, pas plus d'espoir, c'est toujours cette route qui trace, droite, exposée, tout à travers la plaine. Puisqu'il faut bien la suivre tachons seulement d'apprendre à laisser les fantômes s'embourber loin derrière et oublions bien vite.
    Que ce qui fut tué ne revienne pas hanter les rêves du marcheur.


    votre commentaire
  • ...

    Je me suis absenté.
    L'orgueil des lâches est au creux de mes mains, réduit à cette même poussière humiliée qui couvre mes châteaux de boue.
    J'ai vu passer ici les Porteurs silencieux qui annoncent la fin. Dans leurs yeux j'ai bien vu la couleur de ces cieux qui ne savent qu'être gris, comme ceux qu'on se figure noyer le bout du monde. Ceux là chargés d'étoiles nauséeuses, et qui pèsent si lourd, si lourd, sur les êtres qui plient. Et s'affaissent.
    Simplement contempler, attendre et constater.
    Se contenter d'errer dans les désert peuplés d'espoirs tout mutilés, sans savoir comment "être" et sans pouvoir apprendre.
    Sans même vouloir apprendre.
    Attendre et constater, de loin.


    1 commentaire
  • ...

    " ...La magie s'est enfuie, et quand je parle, aucune voix ne vient doubler la mienne et je sais que je parle seul. Je sais que l'autre n'est pas moi, ni moi l'autre, que lui, comme l'arbre, mon beau marronnier, comme le ciel, si pur au-dessus des Alpes et du Jura, tous me sont étrangers. La vérité en moi est paisible et solide. Elle est triste.
       Tout est clair. Mais que faire de la clairvoyance ? Il me semble qu'il ne reste plus rien à entreprendre pour celui qui sait qui il est et qui a rejoint mystérieusement celui qu'il devait devenir. Comme la vie est longue ! Aurai-je le courage d'en attendre la fin ? Aurai-je le courage de mentir assez longtemps, de faire mille et trois tours, de prétendre m'intéresser à toutes leurs âneries, si longtemps, si terriblement longtemps, avant de pouvoir enfin défaire ma naissance pour me recoucher dans un trou chaud, douillet et noir."

    Jean Blot
     


    votre commentaire
  • ...

    Je suis comme le Quetzal, je suis dans la demeure du seul Dieu ; je chante des chansons douces parmi les fleurs ; je chante et je réjouis mon coeur.
    Les gouttes de rosée s'évaporant des fleurs dans le champs enivrent mon âme.
    Je m'afflige de ce que même cette demeure sur terre doive finir.
    Je prévois, moi, Mexica, que notre règne a commencé à être détruit, je me suis mis à pleurer...
    Que je n'aie pas de colère de ce que la grandeur de Mexico doive être détruite.
    Celui qui a pris soin des livres a pleuré, il a pleuré le commencement de la destruction.

     Un chant de lamentation Nahuatl.


    votre commentaire
  • ...

     

    Il fallait.
    Serrer ce seul atome de vide dans sa main, si fort, si fort.
    Serrer ce si petit cailloux qui scelle l'âme.
    Le saisir, le toucher, le protéger de tout son être, afin qu'il nous détruise tout à fait. Et nous jette nus et transits, petits, si petits, au pied de la Nuit pour qu'elle avale les restes de nos existences ainsi déchirées.


    votre commentaire
  • ...



    votre commentaire
  • ...


    Il y a des souris qui vivent sous les rails..

    votre commentaire


  • 1 commentaire


  • Rends-toi mon coeur.
    Nous avons assez lutté.
    Et que ma vie s'arrête.
    On n'a pas été des lâches,
    On a fait ce qu'on a pu.

    Oh ! mon âme,
    Tu pars ou tu restes,
    Il faut te décider.
    Ne me tâte pas ainsi les organes,
    tantôt avec attention, tantôt avec égarement,
    Tu pars ou tu restes,
    Il faut décider.

    Moi, je n'en peux plus,
    Seigneurs de la Mort
    Je ne vous ai ni blasphémés ni applaudis.
    Ayez pitié de moi, voyageur déjà de tant de voyages sans valises,
    Sans maître non plus, sans richesse et la gloire s'en fut ailleurs,
    Vous êtes puissants assurément et drôles par-dessus tout,
    Ayez pitié de cet homme affolé qui avant de franchir la barrière vous crie déjà son nom.
    Prenez-le au vol,
    Qu'il se fasse, s'il se peut, à vos tempéraments et à vos moeurs,
    Et s'il vous plaît de l'aider, aidez-le, je vous prie.

    Henri Michaux - Ecuador


     

    images Kubin


    votre commentaire
  • Parce que rien n'est évident. Rien n'est facile.
    Parce que le rire ne sait rien cacher, et n'est pas fait pour cela.
    Pour qui sait seulement voir il n'y a pas de masque.
    Tout est vrai autant que faux
    C'est cette figure vulgaire qui ne m'intéresse pas, prétentieuse et faussement imposante qui me mange.
    Me ronge comme une souris boulotte une bougie.
    J'en deviendrais malade, ou bien est-ce seulement l'Autre qui se trouve nauséeux...
    Tout ce que j'ai me suffit bien, ce que je suis doit me suffire.
    La putain en dentelles qui me toise et me juge, j'ai beau cracher à ses pieds depuis que j'ai surpris ses yeux sur moi, je ne parviens toujours pas à la décourager tout à fait.
    Pourtant rien n'a d'importance, rien ne m'intéresse dans tous ses bagages clinquants.
    Je passe à côté, tout le temps.
    Il me manque... quelque chose...
    ou pas..


    Non...rien en fait.
    Rien du tout.
    Comment regretter ce que l'on n'a jamais touché ni compris?
    Dont on n'a jamais voulu?
    Tout ce que j'ai tiens dans ma poche et dans mon coeur.
    et dans leurs mains aussi..

     

     

     

    "...quelque chose de si petit que, même mort, on le tienne encore."

     




    votre commentaire
  • Pas de mort ni de page tournée, pas de tour qui s'effondre, juste l'acceptation, même un brin de chaleur au coeur de la glace.. lueur inespérée derrière ce qui faisait l'Injustice. La grande trahison, qui ne naît que de soi.
    La fonte de glaciers que l'on s'efforçait de croire utiles et plantés là pour toujours comme de formidables bunkers.

    Le noir, la précipitation, la panique.
    La panique et l'effroi.
    Elle ne bouge plus, elle ne parle plus, ô Dieu, elle est morte...
    Non pourtant, mais rien ne sort rien ne bouge, toute tentative de justification est etouffée par un hoquet muet. On ne remarque même pas les yeux ouverts, écarquillés par la douleur et l'étonnement.
    Pourquoi cet affairement soudain brisant l'appréciable repos...
    Suffit. Partez.

    Le sommeil joue des tours et reprend ce qu'il donne.
    Le rêve se moque de l'esprit qui quémande de quoi pétrir son monde.
    N'entend plus.


    Pas de disparition, pas de fin tout à fait complète. Le retour simplement des nuages qui engourdissent, les mers de l'absence qui reviennent caresser l'esprit trop reposé.. Toujours les mêmes airs, toujours au loin les plaintes de la corne de brume. Toujours ces gueules béantes et molles qui montrent les passages, des trappes grandes ouvertes sur les terres de l'oubli et le vaste néant.

    Le puits sans fond et les baleines qui volent.

    La panique et l'effroi, le courant d'air froid des terreurs nocturnes qui n'appartiennent à personne.
    La porte qui s'ouvre sur le couloir vide et les mains brusques qui agrippent et étreignent.
    L'horreur de la surprise, et le hoquet.
    Muet.

    Il faudra bien un jour se résoudre à courber l'échine face au nouveau handicap. Ce que les interminables veillées détruisent, au profit du grand vide qu'on laisse pénétrer, sans sourciller jamais. Il faudra accepter de perdre l'essentiel à chaque fois désormais.


    J'ai encore oublié.


    votre commentaire
  • LE MARIN QUI BALAYAIT LA MER  (les contes de la zérosième)


    Quand, après sa maladie, Scorf revint à bord du "vent des vagues", un vieux navire qui tenait bien la mer, ses camarades le prirent pour un nouveau matelot. Son aspect n'avait point trop changé pourtant ; certes, il avait maigri, certes il s'était rasé la barbe mais il avait toujours ses yeux de porcelaine dans son visage tanné et ses anciens camarades l'auraient aisément reconnu si son caractère ne s'était point complètement transformé. Un habitant de la Lune, s'il en existe, eût moins surpris que Scorf les marins du "Vent des Vagues".

    Avant sa maladie, Scorf était le plus joyeux matelot que vous puissiez rencontrer. Ni la tempête ni le calmeplat n'altérait son hymeur. Que les filets restent vides ou jettent sur le pont la moisson argentée des sardines, il chantait toujours et jamais les mêmes chansons. Il les avait enseignées aux matelots du "Vent des Vagues" que ce répertoire avait rendu célèbre dans tous les ports où ils accostaient. Scorf connaissait des chansons à boire, des chansons à dormir, des chansons de marche, des chansons à danser, des chansons pour scander le dur travail des rameurs dans les canots, des chansons bretonnes, des chansons basques, des chansons de toutes les provinces.

    Or, quand il reprit son service à bord du "Vent des Vagues", Scorf ne chantait plus. Ses compagnons crurent d'abord que la maladie lui avait coupé le souffle, que le grand air et la vie en société lui rendraient la voix. Point. Quand le vent du large fit danser le navire et que ses larges ondes eurent bombé les voiles, Scorf resta muet.
    - Qui nous a changé Scorf? se demandaient avec tristesse les marins sur le vaisseau singulièrement silencieux. Et ils lui dirent en affectant de plaisanter : "Tu as perdu la mémoire, tonton Scorf?"
    Il ne répondit que par un geste si vague que le soir le maître-coq, le capitaine, le mousse et le timonier essayèrent vainement d'en deviner le sens. Scorf ne se souciait nullement des préoccupations de l'équipage et continuait à vivre dans un mutisme qui, de plus en plus, inquiétait ses compagnons. Sitôt libre Scorf, au lieu de les rejoindre comme autrefois, se retirait dans un coin du pont, de l'entrepont ou du faux-pont et contemplait le vieux navire avec mélancolie. Quand il en avait détaillé les voiles, les cordages et le chargement, il regardait aussi les vagues en hochant la tête. Ceux qui passaient près de lui l'entendaient alors murmurer :
    - Trop de poussière, trop de saletés, beaucoup trop...
    Aucun n'osait le questionner, depuis longtemps, on savait sur le "Vent des Vagues" qu'il ne fallait point importuner Scorf.

    Un jour pourtant, un jour où la mer faisait la folle sous le ciel tristement éclairé, où Scorf semblait encore plus sombre, le timonier, l'homme le plus hardi de l'équipage, lui demanda :
    -Pourquoi ne plus chanter Scorf?
    Scorf, assis sur un tonneau défoncé, tourna lentement la tête, regarda le timonier et lui répondit avec dégoût :
    -Pourquoi ne pas chanter? trop de poussière, trop de saletés, mon gars.
    -Trop de poussière? lui dit le timonier surpris.
    -Oui, trop, beaucoup trop et partout.
    Il se tut un moment. Le timonier, malgré sa témérité, n'osait plus le questionner, quand Scorf lui-même continua de parler :
    -Regarde, mon gars : nous sommes lessivés par les embruns et pourtant, dit-il en passant le doigt sur son tonneau, ce fût est répugnant. Même la mer n'est pas propre.
    - J'y vois pourtant de beaux moutons blancs, dit en riant le timonier.
    - De beaux moutons blancs cette mousse jaunâtre qui charrie des morceaux de goemon, tu plaisantes, mon gars! même la mer, sit-il en poussant un gros soupir, même la mer qu'il faudrait nettoyer!
    Le timonier rit plus fort et lui répondit :
    -Si le coeur t'en dit, tonton Scorf, nettoie-la!
    Scorf sauta sur ses jambes :
    -Tu ne crois pas si bien parler, mon gars ; je nettoierai la mer! Que terre soit toujours souillée, que notre navire ne soit pas impeccable, voilà qui est déjà triste et inévitable. Pourtant la mer, avec ce vent qui devrait tout emporter, avec cette eau qui pourrait tout engloutir, la mer est si sale que mes chants c'arrêtent dans ma gorge. J'ai coupé ma barbe afin que mon visage soit toujours net. La mer doit être propre et pure aussi. Je la ferai propre et pure. Donne-moi un balai.
    Il bondit lui-même dans une resserre où il prit un balai de genêt au manche déjà noirci par l'usage et en criant : "Je nettoierai la mer, mon gars!" Il enjamba le bordage. L'équipage accourait tant le timonier hurlait : "Venez vite! Scorf veut balayer la mer!" Le maître coq abandonnait ses chaudrons, la vigie, le mât d'où elle guettait l'horizon ; les matelots laissaient les voiles et les filins ; le timonier malgré le gros temps, négligeait un moment sa barre. Tous, dans un grand tumulte, se précipitaient vers Scorf.

    Déjà, le marin marchait sur la mer avec l'aisance d'un paysan qui foule son champ. Il maniait le balai comme une faux. L'écume volait autour de lui comme une herbe folle et se dispersait dans le vent et dans le flot. Il allait, par enjambées calmes et solides, sur son chemin mouvant de jade.
    Les matelots se taisaient, fascinés par cet éblouissant spectacle. Scorf avançait toujours de la même allure robuste tandis que la mousse, l'écume, les débris d'algues et de plante étroitement mêlés voltigeaient sous l'humble balai de genêt.
    - Reviens, Scorf, lui crièrent ses camarades penchés sur le plat bord.
    Il les regarda, fit un geste de la main et, pour la première fois depuis sa maladie, commença de chanter :

    "Je ne suis qu'un vieux matelot,
    Balaie, balaie mon gars
    Descendu de son vieux bateau,
    Balaie, balaie mon gars.
    De haut en bas de bas en haut,
    Balaie, balaie mon gars,
    De Port-Even à Bornéo,
    Balaie, balaie mon gars."


    -Reviens, ne sois pas fou, lui crièrent encore les marins du "Vent des Vagues".
    -Chantez plutôt avec moi, les anciens, leur répondit Scorf. Je continue :

    "Que tu sois laid, que tu sois beau,
    Balaie, balaie mon gars,
    Balaie le ciel, la terre et l'eau
    Balaie, balaie mon gars!"


    Les matelots reprirent timidement d'abord l'étrange chanson que Scorf improvisait. Le timonier seul chanta, puis le maître-coq, le capitaine se joignit au refrain, bientôt tout l'équipage accompagnait Scorf en choeur :

    Balaie, balaie mon gars.

    Et les mousses mêlaient leurs voix claires aux voix sombres des aînés. Cependant Scorf n'entendait plus que faiblement le chant qui répondait au sien. Le "Vent des Vagues" dérivait tandis que Scorf lui-même, attaché à sa tâche, s'en éloignait. Il ne fut bientôt plus, pour l'équipage, qu'une silhouette entourée d'une écume voltigeante :
    -Reviens, cria encore le capitaine dans le porte-voix.
    Porté sur la crête des flots, le robuste appel parvint jusqu'à Scorf. Il aperçut son navire, simple ligne qui dansait au loin, fit un grand geste d'adieu, reprit à deux mains son balai et, continuant à marcher vers l'inaccessible horizon, poursuivit son travail en chantant :

    "Je ne suis qu'un vieux matelot,
    Balaie, balaie mon gars
    Descendu de son vieux bateau,
    Balaie, balaie mon gars..."


    Bientôt les marins du "Vent des Vagues" durent monter au mât pour apercevoir ce point que cernait les courbes infinies de la houle ; enfin, même du haut de la hume, l'équipage du "Vent des Vagues" ne vit plus rien que le flot...

    Seul désormais sur la mer, Scorf marchait sans se décourager. Pendant des mois et des mois, il alla en balayant et en chantant sans avoir, pour se reposer d'autre lit que le creux des vagues où il était assez rudement bercé, qu'un rocher dont la dureté le meurtrissait. Point d'autre nourriture que les coquillages ramassés au flanc des îlots. Il marchait sur des flots de saphir et de topaze, tantôt ténébreux; tantôt si transparents que leurs gouffres les plus secrets semblaient illuminés et qu'ils livraient à Scorf leurs mystères. Il monta vers les terres que borde la blanche couronne des glaces, il s'en retourna promptement tant le froid lui paralysait les doigts. Il longea alors, dans les régions perdues, des îles posées comme d'éclatantes fleurs sur le brûlant reflet du ciel. Il était heureux comme un roi qui parcourrait un empire sans frontière. Les jours de tempête étaient toutefois les plus pénibles ; quand les cataractes des vagues croulaient dans l'ouragan, Scorf se cramponnait à son balai, à son inusable et rustique balai de genêt et s'efforçait de nettoyer la bave rageuse de la mer. Il avançait en criant dans la tempête son chant de marche, de travail et de victoire :

    "De haut en bas de bas en haut,
    Balaie, balaie mon gars,
    De Port-Even à Bornéo,
    Balaie, balaie mon gars."


    Pendant quelque temps, les navires qui passaient furent surpris de voir un homme se promener sur les flots. Il fut toutefois vite connu et quand le marin de quart criait : "Un homme à la mer!" le capitaine, après avoir vivement regardé dans sa grosse lunette, répondait : "Ce n'est rien, matelot, c'est Scorf, le marin qui balaie la mer". Si le navire passait près de lui, Scorf le saluait cordialement :
    -Bonjour, Scorf, balaie bien la mer, lui disait aussi l'équipage.
    -Salut les gars! répondait Scorf qui se précipitait pour effacer les traces d'écume que le bateau laissait sur les vagues.
    Les saisons passaient. Scorf devenait sec comme le plus sec des harengs, mais il était heureux. Il n'avait jamais pensé à se retourner et n'avait donc jamais vu que son travail était sans profit ; l'écume, la mousse, les algues, les saletés qu'il balayait revenaient quelques instants plus tard à la surface des flots. Mais Scorf avait confiance en lui.

    Après avoir marché et balayé sans cesse, Scorf, un soir où le soleil se posait sur l'horizon comme un fruit flamboyant, se trouva devant une haute muraille de rochers farouches où la mer se brisait en grondant. Scorf avait atteint le bout du monde. Sur l'énorme chaos de roches se dressait une balise noire si haute qu'elle touchait aux nuages. Sur la balise, Scorf lut, écrit en grandes lettres blanches : "Le Diable Vauvert."
    -Quel diable est-ce là? se demanda Scorf qui cessa un moment de balayer.
    -Méfie-toi, Scorf, méfie-toi, lui dit un marsouin qui passait : le Diable Vauvert se cache au bout du monde car il est le plus méchant de tous les diables.
    -Bah, dit Scorf, qu'il vienne : j'ai balayé de Port-Even à Bornéo, j'ai balayé des montagnes de mousse et de saleté, mon balai est encore solide ; je balaierai le Diable Vauvert.
    -C'est le plus méchant des diables, prends garde, lui répéta le marsouin.
    -Je te redis que je le balaierai, me comprends-tu, faux poisson ; je le balaierai comme une poussière.
    -Qui parle de me balayer comme une poussière? dit alors une voix terrible qui semblait la voix même de l'oceéan.
    En entendant le diable, le marsouin plongea aussitôt ; ni vu ni connu. Scorf ne s'émut ni de sa solitude, ni de la grosse voix. Il recommença de marcher, de balayer et de chanter.
    -C'est toi, Scorf, qui veut me nettoyer, dit la voix? regarde, retourne-toi, niais que tu es : la mer est encore plus sale qu'autrefois.
    Scorf ne se retourna pas et avança vers le Diable Vauvert en chantant :

    "Que tu sois laid, que tu sois beau,
    Balaie, balaie mon gars,
    Balaie le ciel, la terre et l'eau..."


    -Je te balaierai moi-même, dit le Diable !
    Scorf ne put continuer sa chanson, on le vit, avec son balai, tourbilloner comme une feuille dans une rafale. Tantôt ils se redressaient, roulaient sur la crête des vagues, tantôt voltigeaient, soulevés par un invisible souffle. C'était effrayant. Puis Scorf et son balai tournoyèrent un moment comme un moulin de feu d'artifice. On entendit encore l'écho du refrain : "Balaie, balaie mon gars..." Ensuite, il n'y eut plus que les vagues, l'écume, les nuages, le silence et une odeur de soufre et de feu qui se répandit jusqu'au large.

    Ainsi disparut Scorf, le marin qui balayait la mer.

    1 commentaire
  • ...

    Rien n'a changé.
    C'est que si ma vie change tout est toujours pourri. Gangrenné un peu plus à chaque fois que je m'attarde sur moi..

    Je ne peux me dédouaner cette fois. Impossible d'imputer la pluie et le froid au comportement odieux de ceux qui n'existent plus.

    Je me trouve forcé d'admettre que je suis seul chef d'orchestre de mes tourments.
    C'est... étrange...

    Même pas... Comme si je ne savais pas... 

    Et les vapeurs ethyliques qui atténuent un peu.. je ne sais plus penser, tout comme j'ai oublié de dormir. Rien n'a changé, surtout pas moi.

    Le train continue de tracer et je suis toujours aussi immobile. Le désert a bougé mais la plaine demeure familière..

    pffff rien que d'l a merde encore..


    votre commentaire
  • ...

    Je me suis absenté.
    Encore, et pour ne pas changer.

    Je me suis absenté, perché bien haut sur le bord de ma nuit, j'ai confondu mon souffle avec le silence enivrant, et j'ai juste observé.

    Parce que je ne sais rien faire d'autre. Scruter, sentinelle oubliée en haut d'une tour foudroyée constamment.
    Constater que je ne comprend pas. admettre que je suis loin.
    Douce amère est la conscience de n'être jamais là.
    De n'être rien du tout. L'ombre du renoncement.
    Une miette de rien.

    Je me suis absenté. 


    votre commentaire
  • ...

    Que rien ne passe et que tout se fonde dans l'immuable tristesse.
    La dissonnante symphonie des existances bâclées, les airs redondants qui bâtissent les êtres et rebondissent sur des murs vides. Les choeurs vains et douloureux qui emplissent les silences, et les soupirs suspendus ça et là aux coins perdus des solitudes amères.
    Le brouillard impénétrable, et le givre qui se dépose sur le carreau et sur les coeurs endoloris par le simple effort d'être, parfois.

    L'Ennui vertigineux logeant au fond de l'âme pour étourdir l'enfant quand la nuit s'éternise.

    La lassitude encore, dans l'absence et le vide, les mots couchés pour rien et qui se font témoins de cette incohérence.
    L'oscillation permanente, tout et rien à la fois, invariable inconnue brouillant toute raison.


    votre commentaire
  • Un de ces jours, encore, un de ces jour trop longs qui pèsent tant sur la nuque. L'absence encore, et toujours ce même poids, toujours ce même goût, ce même vieux sentiment... De Rien, de vide. De soi.
    Le poids de l'existence comme le poids de l'hiver, le poids du temps qui passe et des pluies qui emportent..
    L'absence. Et la poigne invisible qui interdit les pleurs tout en serrant le coeur. Les paupières qui peinent à se soulever devant l'absurdité. Les spectres décharnés que l'on voit s'affairer tout autour, partout, même pas étonné... avec l'indifférence de ceux qui ne sont rien.
    L'inventaire réussi d'une vie qu'on ne s'approprie pas, et qui échappe toujours aux sens engourdis... qui ne prend plus la peine de semer quelque espoir... qui ne prend plus le temps, et se perd dans les brumes.

    votre commentaire
  • La vieille carbonnelle tant aimée est rendue bredouillante sous les doigts maladroits de la petite-fille. Au moins ne s'est-elle pas tue pour toujours.
    Il y avait eu les premières parties de pêche, les rochers rougeoyants sous l'oeil du clocher. Les voiliers dont on a retenu les noms pour certains. Le souvenir de l'Etoile Matutine qu'elle n'avait pourtant pas connu, l'Atolle aimé jadis à qui il fallut dire adieu. Il y avait eu ses pinceaux éparpillés, ses crayons gras et ses fusains, dont Il savait user pour faire parler ces bouts de vide à encadrer.. Les regards vibrant de tristesse de clowns désespérés au maquillage épais, qui seuls demeurent à présent pour le rappeler. Les natures mortes que les enfants trouvaient austères, à l'époque..
    Dans la cuisine vétuste et chaleureuse qui sentait bon les vieilles enfances, il y avait eu les jeux de cartes des après midi pluvieux, les chansons pendant les rituels que les familles instaurent pour s'étourdir de vin et de trop copieux repas, et même un vieil accordéon qu'on n'a jamais revu. Ce qu'Il cachait ou pas, derrière sa bienveillance, tout ce qu'elle croyait voir de vieux désenchantements se consumer dans le cendrier mauve ou fumaient les gitanes. Ce qu'il avait l'air de voir, lui, et le sourire satisait d'une vie remplie "comme il faut", de filles, de gendres, et de petits-enfants.
    Sourire qui, un jour, se tinta de tristesse.
    Les morceaux de bambous sur la table, et les tours même pas magiques qui les amusaient "les petits".
    Les souvenirs évoqués qui se perdraient bientôt...
    C'est que c'est loin tout ça...
    Sept tout petits hivers, tant d'images pourtant..
    Sept tout petits hivers d'une toute petite vie..
    Il y eu ce réveillon qui finit de tuer le Père Noël. La fièvre massacrante et le retour inattendu de démons redoutés.

    On s'est caché les quelques larmes qu'Il versa ensuite.
    Les trois larmes pudiques qu'arrachèrent la douleur, recueillies par l'accoudoir en cuir de son trop vieux fauteuil.
    Elles ne pouvaient lui appartenir, c'était si dur à croire.

     Il n'y eut pas d'adieu.

    L'incrédulité.

    Et il s'en est allé, avec le printemps.


    votre commentaire
  • ...

    S'abîmer...

    Rien qu'un passant.
    Un étranger, toujours, partout, un voyageur dans l'âme qui n'a que faire d'un but.
    Peut importe où l'on va. L'important c'est le départ. C'est que la plaine défile, que les déserts se meuvent, que la mer accompagne.
    L'abscence.
    Quand tout est rendu sourd par ce mouvement de l'âme qui s'échappe, et se pose, quelque part dans le vide.
    Assister à la pièce, sans broncher, sans se faire remarquer. Tout, tout petit dans un coin du néant, se pose et observe la vie qui se déplie.
    Sans participer.

    Jamais pour de vrai.

     


    votre commentaire