• ...

    Je vais partir.
    Bientôt. Ailleurs.
    Puisque je ne suis nulle part ici.

    A mon retour, peut-être, que j'aurai un peu plus de moi à pétrir pour demain.
    Peut-être que aurai-je trouvé de quoi combler un temps le vaste creux que je porte.

    Je ne pensais pas. Je ne croyais pas.
    Laisser s'user et casser la dernière des amarres, m'a dépouillé de tout.
    Mon visage s'est creusé, et mon regard s'est affaissé un peu, à trop observer les chimères boiteuses qui se traînaient en dedans.
    Je n'ai même plus le coeur à me broder de nouveaux souvenirs. Il n'y a plus une âme à qui je veuille les conter.
    Et puisque tout est faux...

    Que faut-il acquérir pour traverser la mer ?
    Les lames épouvantées qui roulent sous mes pieds...

    Ma jeunesse a péri, depuis bien trop longtemps.
    J'ai finis par oublier depuis quand je suis vieux.
    Dans les feux de cheminée où crépite mon enfance, j'étais déjà bien vieux.
    Dans l'humus odorant, ramassant des châtaignes en m'écorchant les mains, j'étais déjà trop vieux.
    Dans les nuages roses aperçus sur la mer, de derrière un pupitre, je vieillissais déjà.
    A force de vieillir si tôt et sans révolte, mon coeur a dû sécher ;
    à force d'être vieux depuis tellement de temps, un jour, j'ai dû mourir.

    Et je n'ai pas dû être attentif aux cendres devenues froides, aux odeurs évanouies.
    Je n'ai pas dû aprécier le silence dans lequel tout est devenu gris.
    Le silence dans lequel, détricotant doucement leurs promesses, tous, sont partis loin du froid.

    Mais qu'attendent les morts dessous leurs mains croisées ?


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